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Auteur
Christine Bolinne Auteure
Date
1 décembre 2023
Catégories
Anniversaire
Paroisse
Vocation
Type
Virton met à l’honneur deux frères prêtres : ensemble ils totalisent 130 ans de sacerdoce !
Dans le diocèse, les abbés Paul et Pierre Michel sont une exception. Ils sont frères, prêtres et comptent respectivement 70 et 60 années d’ordination ! Ce dimanche, une messe d’action de grâce sera célébrée à leur intention dans l’église de Virton. Un témoignage de foi que le doyen, l’abbé Wenceslas Mungimur, veut souligner. Les deux frères souhaitant pour leur part, par la présence ou en pensée y associer tous ceux et toutes celles qui, au fil de ces nombreuses années, leur ont permis de vivre leur ministère.
L’abbé Pierre Michel, 85 ans, n’a pas vraiment quitté la région où la fratrie (trois garçons dont le ministre Joseph Michel « père des fusions des communes » et une fille) a vu le jour à Saint-Mard. Pour l’abbé Paul Michel, c’est différent. A 95 ans, après avoir passé 51 ans au Congo et 17 ans à Namur, dans la maison des Rédemptoristes, il vit déjà, comme il le dit, « un petit peu au paradis ». Il a rejoint l’Auberge du Vivier à Habay-la-Neuve.
Même s’il a assisté au cheminement vers la prêtrise de son frère aîné, qu’il a vécu l’émotion de son ordination, ce dernier n’est pas à l’origine de sa vocation. L’abbé Pierre Michel a senti le besoin de donner sa vie à Dieu alors qu’il était en humanité au collège Saint-Joseph de Virton. A l’issue des études secondaires, il intègre le séminaire de Floreffe, un premier pas vers la prêtrise à travers le cycle de philosophie. « Ces années ont été très heureuses avec une grande fraternité entre nous. Nous avons encore eu une vie liturgique remarquable. » Il rejoindra ensuite Namur pour y suivre, au séminaire, les cours de théologie. Des soucis de santé l’empêcheront d’être ordonné en même temps que ses compagnons de cours. Ils sont ordonnés prêtre lui est ordonné sous-diacre. L’abbé Pierre Michel ne garde pourtant pas un souvenir douloureux de ce moment. Il rattrape les cours et poursuit son insertion pastorale à Virton où il sera ordonné le 22 décembre 1963. « C’était le dimanche avant Noël, il y avait de la neige et du verglas. C’est quasi un traîneau que nous aurions pu utiliser pour aller chercher l’évêque, Mgr Charue ! »
Un an après le Concile
Commence sa vie comme prêtre diocésain, sa volonté. Il sera ainsi vicaire à Musson. « J’ai été privilégié en débutant mon ministère avec l’abbé Rion. C’était un prêtre très populaire qui m’a donné le sens des gens. L’abbé Mouton lui a succédé. Il ne jouait pas les grands patrons, nous partagions la pastorale, j’ai célébré, très vite, des funérailles, des mariages… Je n’étais pas considéré comme un subalterne, j’avais sa confiance. » Il sera ensuite nommé à Chenoy « la paroisse de mon cœur » aime-t-il à dire avant de poursuivre dans la paroisse de La Tour. Des années dont l’abbé Pierre Michel conserve un souvenir ému : « Nous étions une année après le Concile et nous pouvions être des créateurs. » Et de poursuivre : « J’étais à un âge où l’on est créatif. J’ai ainsi mis en route beaucoup d’équipes de laïcs qui s’occupaient notamment de rendre visite aux malades. » Epoque encore où il accueille, au presbytère, sa maman, Laure-Marie. « Une sainte femme. Elle recevait plus de visite au presbytère que moi ! »
Rattrapé par d’importants soucis de santé, il quitte Chenoy. Et lorsqu’il se sentira mieux, c’est à Meix-Rouvroy qu’il officiera. « A 65 ans, j’ai décidé de prendre ma retraite » dit-il. Pas question de rester inactif pour autant mais de « lever le pied ». Avec des laïcs, il met en place des équipes d’aumônerie dans les hôpitaux, les maisons de retraite… Son objectif : rendre ces laïcs autonomes. Lui qui a animé les triduum à Beauraing a, là aussi, passé la main. Et s’il y est toujours présent, c’est comme pèlerin.
Régulièrement, il célèbre la messe à Virton. Il rend encore visite à son frère, l’occasion d’échanger sur l’Eglise en général. Une fois, il est allé le voir au Congo et d’arriver à la conclusion : « Je n’étais pas fait pour ça. »
Fait pour la mission
L’abbé Paul Michel était en revanche lui fait pour ça, pour la mission. Il a ainsi passé 51 ans au Congo. L’abbé Paul Michel, 95 ans, compte 70 ans d’ordination – Pierre en comptant « seulement » 60 -. Un homme discret qui n’aime pas s’épandre sur ce qu’a été sa vie. Une vie passée quasi exclusivement au Congo, il dépendait du diocèse de Matadi. « Ils ont voulu que j’enseigne mais ce n’était pas ma vocation. Je préférais être itinérant, passer d’un village à l’autre. J’arpentais la brousse et j’étais au plus près des gens. » Le prêtre qui garde encore le souvenir de ses retours en Belgique pour voir sa famille, les amis mais aussi pour récolter de l’argent utilisé pour la mission. « Je suis passé dans toutes les églises de Gaume pour demander aux personnes de nous soutenir. Je tiens encore aujourd’hui à remercier les paroisses qui m’ont ainsi accueilli ainsi que les paroissiens pour leur générosité. »
Tous bien inscrits dans la mémoire des deux prêtres, ils seront présents par la pensée lors de la messe d’action de grâce de ce dimanche 3 décembre, à 10h, à l’église de Virton. A l’Avenir Luxembourg, le doyen Mungimur confiait le pourquoi d’une telle célébration : « Nous voulons dire merci au Seigneur pour deux frères, prêtres : Paul et Pierre Michel. Ils ont respectivement accompli 70 ans et 60 ans de vie sacerdotale. Un beau témoignage de foi, d’engagement, qui mérite d’être célébré. »
C.B.