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Auteur

Christine Gosselin Auteure

Date

14 décembre 2023

Catégories

Tourisme

Type

Actualités diocésaines

La chapelle de Saint-Méen à Brûly-de-Pesche

Perdu dans la grande forêt de la Thiérache, sur un petit affluent de l’Eau-Noire, le hameau de Brûly-de-Pesche surgit sans qu’on ne s’y attende après la chapelle Notre-Dame du Maquis qui fait la jonction dans la forêt de Nismes entre la rue de la Forestière et la rue du Raccordement. La place Saint-Méen accueille le presbytère, l’église de Saint-Méen entourée de son cimetière, l’ancienne école reconvertie en gîte, et une source miraculeuse à l’entrée de l’ancien quartier général d’Hitler ! Un tour qui vaut le détour !

C’est sous une pluie battante que nous arrivons sur le site historique de Brûly-de-Pesche, à l’église de Saint-Méen (à prononcer Saint-Main). L’abbé Ghislain Ahokponou, curé de l’église, Francine Pierard, la sacristine et son mari Louis Dardenne, s’y sont déjà réfugiés avant nous et nous attendent au pied de saint Méen, impatients de nous le faire connaître.

« Pour le connaître, il faut d’abord comprendre l’histoire du hameau » explique Mme Pierard. Comme son nom l’indique, « Brûly» de Pesche a vu le jour suite à un défrichage important selon une méthode consistant à brûler les arbres après leur abattage afin que leurs cendres viennent enrichir le sol ; une clairière que l’on pouvait cultiver et bâtir se formait alors. C’est ce qu’il se passa dans la localité de Pesche, fin du 19e siècle où 50 hectares de terres furent lotis.

À une cinquantaine de km de là, à Attigny, Saint-Méen, prêtre breton du XIIe siècle, connaissait une dévotion importante pour avoir veillé au bien-être de ses contemporains en défrichant de vastes étendues de forêt et en prenant soin de leur santé : « Saint Méen le défricheur, saint Méen le guérisseur jouit d’une grande notoriété qui dépasse progressivement les frontières. Des pèlerinages sont organisés et les habitants de Charleroi, du Brabant Wallon, de Bruxelles et d’ailleurs « marchent » jusqu’à Attigny, tant et si bien que quand la population se mit à augmenter à Brûly -de-Pesche et qu’il fut question d’y bâtir une chapelle, les villageois qui demandèrent à l’évêché que leur église lui soit dédiée », indique Mme Pierard. « Ce qui eut lieu le jour même de la bénédiction de l’église en 1855. » complète son mari.

La chapelle, qui peut accueillir une septantaine de personnes, est superbement restaurée. Les peintures sont fraiches, les chaises neuves et posées sur un tapis pour protéger du froid de la pierre, au sol. À droite du chœur, trône le saint patron de l’église, saint Méen, invoqué principalement pour obtenir de Dieu la guérison de maladies de la peau. À ses côtés dans la nef, veillent sainte Rita (causes désespérées), saint Ghislain (bonne maternité), sainte Rolande (croute de lait) ; saintes Adèle et Renelde qui protègent les yeux. Et encore saint Antoine de Padoue, Notre-Dame de Lourdes, saint Joseph, l’enfant Jésus au-dessus de la chair de vérité, sainte Thérèse, saint Brice, saint Gérard Magella et sainte Marguerite de Cortone. « Beaucoup de pèlerins viennent prier et faire brûler une bougie aujourd’hui encore », continue Mme Pierard en montrant les nombreux ex-votos sur le mur à droite de l’autel. « Ils viennent aussi boire l’eau et remplir des bouteilles à la fontaine miraculeuse de saint Méen » complète M. Dardenne.

Suivant l’abbé Ghislain sur le chemin vers la fontaine, l’abbé nous explique que « c’est l’abbé Oger, curé de Pesche à l’époque qui, selon l’usage établi dans les sanctuaires dédiés à Saint-Méen, avait fait creuser cette petite fontaine bénie en l’honneur du saint à une centaine de mètres de l’église. L’eau de la source contient du soufre. Elle est « miraculeuse » pour la « guérison » des dartres, eczémas et autres maladies de la peau.

Louis Dardenne, Francine Pierrard et l'abbé Ghislain Ahokponou


Le dimanche qui suit le 21 juin, fête de Saint-Méen, la statue de Saint-Méen est portée depuis l’église jusqu’à cette source, en présence de la chorale et de la fanfare philarmonique de Cul-des-Sarts…Vingt-cinq porteurs sont nécessaires pour acheminer la statue, les reliques et les deux bannières. Une procession qui attire toujours beaucoup de monde ! » Nous ne manquons donc pas de remplir une bouteille sous l’œil d’une petite statue de Saint-Méen – sculptée par Henri Brifaut – nichée au-dessus de la fontaine.

Nous sommes au milieu de la forêt, à quelques mètres de baraquements en bois et d’un énorme bloc de béton que Mme Pierard nous explique être le Wolfsschlucht (littéralement « ravin des loups »), un bunker où Adolf Hitler séjourna durant la campagne de France de juin 1940. Un musée y est maintenant installé. Brûly-de-Pesche fut effectivement le théâtre bien malgré lui d’une phase importante du début du conflit de 1940 puisqu’il accueillit le premier grand quartier général d’Hitler en Belgique. Du 6 au 28 juin, il y dirigea la
campagne d’invasion de la France. Deux cents hommes investirent le hameau. Ils y bâtirent deux chalets, deux bunkers, une rotonde, une pièce d’eau et remplacèrent le clocher de l’église par un réservoir d’eau pour ainsi constituer un GQG (Grand quartier général). C’est notamment dans l’église Saint-Méen qu’est rédigé l’acte de capitulation de la France. Si vous avez l’occasion, ne manquez pas de passer vous y promener. Chaque année le musée organise sur le site une grande exposition et pour la première fois
en novembre un escape game (attention, s’échapper d’un bunker peut s’avérer très compliqué !)


Découvrir le pèlerinage en photos



Que faire à proximité ?

S’il y a beaucoup à voir dans les alentours, nous avons choisi de nous rendre à la chapelle Notre-Dame de Bonne-Pensée de Pesche, à l’ombre des tilleuls, à une dizaine de kilomètres de l’église de Saint-Méen. Au-dessus de la porte d’entrée, un chronogramme indique qu’elle fut construite en 1646. À l’intérieur, outre un bénitier et un autel en pierre restauré du XVIIe , le regard est directement attiré par la voûte lambrissée ornée de 36 panneaux peints représentant les saints : au centre, on reconnait les Apôtres qui forment une sorte de procession conduisant à l’autel, symbole du Christ. Outre cette chapelle, il n’existe que deux autres « plafonds à saints » dans notre diocèse : celui, célèbre, de Notre-Dame de Foy et celui de Matagne-la-Petite. Une petite merveille!

Christine Gosselin

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