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Auteur

Christine Gosselin Auteure

Date

12 septembre 2024

Catégories

Art
Patrimoine
Saints et saintes

Type

Témoignages

Sébastien Salvato : De la musique à la sculpture, une histoire particulière de rencontres et de renaissances à travers l’art

Sébastien Salvato est un artiste passionné et heureux. Modeste aussi. Outre sa famille, il est passionné par l’histoire de l’art, le travail du bois et les techniques de restauration ; mais aussi par la musique, le chant, la liturgie et l’orgue. Une suite de rencontres l’amènera à explorer ce très vaste champ d’intérêts qu’il est heureux d’approfondir au quotidien comme chantre organiste de plusieurs paroisses et sculpteur-ébéniste, responsable des services techniques à l’abbaye de Maredsous.

Originaire de Pry (dans l’entité de Walcourt), c’est tout petit que Sébastien commence son histoire d’amour avec la musique grâce à Léon Degrève, son voisin, titulaire de l’orgue de la paroisse. Du haut de ses 6 ans, il lui demande de lui enseigner la musique. Un enseignement qui se poursuivra durant de longues années, « J’ai joué jusqu’à mes 17 ans avec Léon. Jusqu’au jour où il m’a demandé de venir partager une pièce, un quatre mains avec lui, La Valse des fleurs de Tchaïkovski. Je ne le savais pas mais c’était la dernière fois que nous jouions ensemble ; un peu comme s’il me passait la main… Léon est décédé le lendemain. J’ai joué à ses funérailles et pris sa suite comme organiste à Pry-lez-Walcourt, puis à Berzée, Pontaury et Mettet ».

À côté de la musique, Sébastien poursuit une formation en ébénisterie à l’école Saints-Pierre-et-Paul de Florennes. Un de ses professeurs, Claude Bertholet, sculpteur et ancien élève de l’école d’art de Maredsous devait profondément le marquer. Arrivant un jour à l’école avec un énorme bloc de bois, celui-ci demande à ses élèves d’équarrir la base. Quelques semaines plus tard, ce même bloc a donné naissance et prêté ses veines à une splendide Vierge à l’enfant, sortie des mains du professeur.

Sébastien est émerveillé par ce miracle de création, par ces formes surgies de l’informe, ce visage si expressif qui avant n’était que bois brut. Il n’aura de cesse d’apprendre la sculpture, même si elle n’est pas au programme des qualifications. C’est ainsi que travaillant après les cours avec Claude Bertholet et à l’Académie de sculpture de Châtelet, il réalise sa première sculpture – un saint Joseph, patron des menuisiers, bien-sûr – dès la quatrième qualification. Lors des examens qui se déroulent toujours devant un jury extérieur, il est repéré par le frère Dominique Minet de l’abbaye de Maredsous lui aussi ancien élève de l’école d’Art, qui l’orientera vers l’Abbaye dès la
sortie de sa formation.

« lorsqu’on restaure une œuvre, on a aussi en tête la dévotion de tous ces fidèles qu’elle a connue au cours des siècles. Combien de cierges ont-ils été brûlé devant elle, combien se sont-ils agenouillés à ses côtés, combien lui ont-ils confié les peines et joies qui étaient les leurs ? »

Sébastien Salvato

« Je ne pensais pas en entrant à l’Abbaye en 1996 pour 6 mois que presque 30 ans après je serais toujours là » confie Sébastien, profondément reconnaissant de ce parcours et du soutien confiant de la communauté des moines à ses côtés. Cette merveilleuse abbaye dont il connait aujourd’hui les moindres recoins, est comme sa maison. Avec au cœur de l’Abbatiale un majestueux et très précieux ami, le grand orgue sur lequel il peut répéter des funérailles ou un office plus festif lors d’une pause ou après journée. Que ce soit à travers la musique ou à travers le travail du bois, c’est la rencontre de l’autre qui anime Sébastien lors qu’il fait courir ses mains sur ses instruments. L’autre qui s’en va lors de funérailles tandis que l’orgue l’accompagne solennellement vers sa nouvelle demeure et soutient les proches endeuillés ; l’Autre avec un grand A lorsque c’est à Sa gloire que ses notes montent vers le ciel lors d’une action de grâce. L’autre encore, lorsqu’au travers d’une restauration d’œuvre d’art, il retrouve l’intention de son créateur en reformant, une main, un doigt ou la polychromie d’origine d’une statue, les fioritures néo-gothiques d’un autel, les dorures de candélabres. « Et puis, souligne Sébastien, lorsqu’on restaure une œuvre, on a aussi en tête la dévotion de tous ces fidèles qu’elle a connue au cours des siècles. Combien de cierges ont-ils été brûlé devant elle, combien se sont-ils agenouillés à ses côtés, combien lui ont-ils confié les peines et joies qui étaient les leurs ? »

Dans l’Abbatiale – et ailleurs comme à l’église de Mettet (voir revue n°5-66e année juin, juillet et août 2024) – de nombreux objets portent son empreinte. Avec le soutien du Père abbé de l’Abbaye et l’aide des Services du Patrimoine des diocèses de Tournai et Namur, Sébastien a accompli ces dernières années quelques belles opérations de sauvegarde du patrimoine et de réhabilitation : « Nous sommes confrontés, depuis plusieurs années, à la fermeture d’un nombre important d’édifices religieux. Le mobilier d’église est alors démonté et mis de côté. Lors de la crise Covid, le Père abbé m’a demandé de déplacer l’autel de saint Benoit, saint-patron de l’Abbatiale à sa place d’origine dans le transept nord. En effet, la place qu’il occupa durant la période post-conciliaire dans la tour sud était trop confinée pour les pèlerinages autour des 150 ans de l’abbaye. L’idée fut donc de réhabiliter un autel néo-gothique comme jadis. Grâce au diocèse de Tournai et aux passionnées d’œuvres d’Art, nous avons récupéré l’ancien autel majeur de l’église désacralisée de Genly. Cet autel néo-gothique cadre parfaitement avec le décor de l’Abbatiale, elle-même de style néo-gothique. Après un nettoyage et une restauration approfondie, il a fallu reconstruire le massif de l’autel et une nouvelle prédelle, ensuite resculpter des détails perdus ou endommagés. L’ancien autel a retrouvé ainsi son lustre d’antan. La statue néogothique de saint Benoît provenant de l’autel d’origine de Maredsous (1876-1882) y retrouve merveilleusement sa place dans la niche centrale entourée par deux anges céroféraires. »

Quant aux statues de Saint Pierre et Paul qui occupaient les tourelles latérales de l’autel de Genly, elles ont également été restaurées par Sébastien et placées dans le transept sud devant la porte menant au cloître intérieur de l’Abbaye.

Ce travail réjouit particulièrement Sébastien Salvato qui aime redonner vie aux œuvres qui sont autant de rencontres vivantes d’une foi qui s’exprime à travers l’art.

Christine Gosselin

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