A Pâques, on peint et on offre des pysanky !

Cette belle tradition vient d’Ukraine et d’une manière plus large de Russie voire des pays de l’Est. A Pâques, on y décore sa maison avec des pysanky. On en offre aussi. Les pysanky, ce sont des œufs peints. Derrière chaque couleur, derrière chaque dessin, il y a une symbolique. Un art qui demande du talent bien sûr mais aussi de la patience, beaucoup de patience ! Mais cela va encore bien au-delà. Le temps consacré à la réalisation des pysanky est considéré comme un temps de prière. Un moment de communion avec la personne à qui cet œuf est destiné. Chaque année, pendant le Carême, la communauté Madonna House, à Resteigne (Tellin), ouvre ses portes à des stagiaires qui veulent se former.

EN FIN D’ARTICLE : vidéo de la réalisation des pysanky

Entre le parking et la longue bâtisse de pierres, les pas du visiteur sont rythmés par le chant des oiseaux. Avec ce soleil printanier, ils s’en donnent à cœur joie. La porte franchie, juste un léger murmure parvient aux oreilles. Deux pièces bien lumineuses accueillent les stagiaires du jour de l’atelier pysanky. Dans l’une, il y a les experts. Pour Thérèse, Julie, Bernadette et Angélina, les pysanky n’ont presque plus de secrets. Et malgré une pratique longue de plusieurs années, les mauvaises surprises ne sont pourtant pas exclues. Ainsi Julie a constaté, alors que le travail était déjà bien avancé, que l’œuf était fissuré. Une seule solution : tout recommencer. Julie et ses amies n’ont pas une minute à perdre pour terminer leur travail : la réalisation des pysanky s’arrête avec le Carême.
Dans une autre pièce, bien plus vaste, une longue table avec, assis tout autour, des stagiaires très concentrés. A l’autre bout, des pots de teintures. Laurie, Luc et les autres débutent. Jocko et Aliz, deux laïques consacrées de la Communauté Madonna House sont là, avec sourire et patience, pour les guider. Aliz d’origine hongroise a toujours dessiné sur les œufs. Jocko a découvert cet art au Canada, en Ontario, là où Madonna House a son centre de formation. Une communauté fondée par Catherine Doherty, une chrétienne d’origine russe. Tous ceux et celles qui passent par l’Ontario se familiarisent avec la technique.

Pysanky, mode d’emploi

Pour démarrer, il faut un œuf. Les stagiaires apportent leurs œufs. Certains amènent même des œufs d’oies, bien plus gros. « Nous avons, dans la communauté quatre poules. Heureusement, à cette période, elles pondent beaucoup. » souligne d’un large sourire Jocko. L’œuf est vidé. Une première étape qui demande du doigté. Il sera ensuite plongé dans de l’eau vinaigrée afin que la teinture adhère un maximum à la coquille.

Il faut encore choisir le dessin à reproduire, au crayon, sur l’œuf. Entre les trois familles constituées par les végétaux, les animaux et les formes géométriques, les déclinaisons sont quasi infinies. En y regardant de plus près, on constate que des bandes, plus ou moins épaisses, entourent l’œuf. A l’intérieur de ce feston une multitude de formes géométriques, d’arabesques. Cette boucle sans fin illustre le cycle éternel de la naissance, de la mort, de la renaissance… Vous dessinez un filet ? Il marquera, lui, la division entre le bien et le mal. Chaque dessin a donc une signification. Si l’œuf symbolise la vie, le carré illustre lui la terre. Le dessin d’un diamant illustrera le savoir ; la rose, l’amour ou encore la bienveillance ; le cheval pour la prospérité et l’endurance… Les points évoqueront les larmes de la Vierge Marie au pied de la croix.
Une fois le dessin réalisé sans avoir trop serré la coquille pour éviter de la casser, il faut se saisir d’une kistka. Une sorte de long pinceau qui se termine par un minuscule récipient contenant de la cire d’abeille fondue et donc chaude. La kistka se termine par une pointe qui permet de déposer la cire.

On passe alors aux bains successifs. Le symbolisme se retrouve encore pour les couleurs. Votre choix se porte sur le blanc ? Il va illustrer la pureté, l’innocence. Le jaune pour la lumière, le bonheur ; le bleu, pour le ciel ; le vert, pour le printemps, l’espérance…
Il faut une idée précise de la réalisation finale et c’est bien là une autre difficulté. Au départ l’œuf est blanc. Les parties dessinées sur lesquelles vous déposerez de la cire resteront blanches. Avant de plonger l’œuf dans un deuxième bain de teinture, le jaune par exemple, il s’agit de couvrir de cire d’abeille ce qui doit rester dans cette teinte. Et on procède de la sorte pour tous les bains. Des bains qui se font aussi dans un ordre bien précis : du plus clair au plus foncé. Une fois ce minutieux travail réalisé restera à approcher l’œuf terminé de la flamme d’une bougie. La chaleur dégagée fera fondre la cire et l’œuf apparaîtra dans sa beauté.

Une prière
Laurie, stagiaire du jour, regarde son œuf terminé. A sa moue, on devine qu’elle n’est pas pleinement satisfaite du résultat, il y a des imperfections. Aliz s’empresse de la rassurer : « Les erreurs, ce sont les péchés qui font partie de notre vie. Alors, c’est beau quand même. » Et d’ajouter : « Les pysanky sont comme des lettres que nous envoyons aux personnes. Nous avons choisi les symboles, les couleurs… en fonction de ce qu’elles sont pour nous, du message que l’on veut leur transmettre. » Pendant toute la réalisation – et ça prend du temps, une après-midi pour un dessin tout en sobriété – on pense à la personne.

Christine Bolinne
Photos : Quentin Denoyelle

Une vidéo a été réalisée lors de cet atelier. Pour suivre, pas à pas, la réalisation des pysankys :

Vous êtes intéressés par les activités Madonna House à Resteigne, elles ne se limitent bien sûr pas à la réalisation de pysanky, il vous suffit, pour les contacter, d’adresser un mail à l’adresse suivante : mhbelgique@live.fr