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Auteur

Christine Bolinne Auteure

Date

15 septembre 2023

Catégories

Folklore
Namur

Type

Vie d’Église

Ce lundi, rendez-vous avec le curé… arsouille

Prononcer une homélie en wallon, à Namur, le lundi des Fêtes de Wallonie est, à chaque fois, un défi. L’abbé Bernard Van Vynckt, doyen de Marche qui a succédé, c’était il y a neuf ans, à l’abbé Paul Malherbe, en est bien conscient. D’où la boule à l’estomac qui l’accompagnera jusqu’à lundi midi ! Il sait qu’il est attendu. Ou plutôt que son homélie est attendue pour les quelques rosseries qu’elle contiendra. « Mais attention, précise-t-il, ce n’est jamais méchant. » Un réel engouement populaire entoure cette messe. Le prêtre s’empresse de préciser: « Cette messe n’est pas un show. Une messe, c’est sérieux. Ici, elle est célébrée par des gens qui ne se prennent pas au sérieux. »

Si depuis la fin du mois de juin, la « commission messe » des Fêtes de Wallonie a déjà déterminé les textes et les chants qui seront lus et interprétés ce lundi dès 10h à l’église Saint-Loup et ce afin d’élaborer le carnet et l’envoyer chez l’imprimeur, il en va tout autrement pour l’homélie. Son auteur se doit d’être réactif. L’abbé Van Vynckt vient ainsi d’intégrer un passage dédié aux victimes du séisme qui vient de secouer le Maroc ou encore des inondations qui ont ravagé la Libye.

Chaque année, au moment d’écrire le premier mot de son homélie, l’abbé Van Vynckt se pose toujours la même question : « qu’est-ce que je vais bien pouvoir dire ? » Et en cette année qui marque les 100 ans des festivités, l’abbé Van Vynckt avait le sentiment, plus que jamais, que tout aurait déjà été dit lorsqu’il prononcerait son homélie ! Que les habitués (fidèles de l’église Saint-Loup ou encore les téléspectateurs de Boukè) se rassurent… l’homélie est bien écrite. Elle fera sourire, rire et réfléchir : le cocktail gagnant de ce rendez-vous. On lève un coin du voile : l’abbé Van Vynckt est retourné sur les bancs de l’école et il nous propose, de suivre avec lui, une leçon de calcul… Il sera encore question du réchauffement climatique, des petites et grandes histoires du Parlement wallon… Les hommes politiques seront moins égratignés que les années précédentes. « Je me réserve pour l’année prochaine… » ajoute, avec malice, l’abbé (ndlr : 2024 est une année d’élections).

Marcher aide à réfléchir

Avant de démarrer l’écriture de l’homélie, il faut choisir l’évangile. Il a jeté son dévolu sur les Paraboles, s’inspirant spécialement de la parabole des ouvriers de la 11e heure. « Mon prêche, je le compose d’abord dans ma tête. Et après, cela va très vite. » Ses longues promenades dans la région de Marche sont un moment idéal pour réfléchir à ce qu’il va dire.

« On attend un curé arsouille. Ça, c’est dans la première partie de l’homélie. » Après, l’abbé mise sur sa connaissance de la langue pour faire passer son message en utilisant toute la richesse du vocabulaire wallon, ses subtilités. « Je dis des choses mais toujours avec retenue. » Une langue savoureuse qui fonctionne aussi avec beaucoup d’images. Si l’abbé Van Vynckt reconnait être stressé avant cette messe c’est justement parce qu’il s’interroge toujours quant à savoir comment son message va passer. Comment il va être entendu.

« Poqwè nin »

Une messe en wallon qui est célébrée, dans le cadre de ces fêtes, depuis 71 ans. « Joseph Calozet et Lucien Léonard deux auteurs wallons accompagnés d’Ernest Montellier, musicien, chef d’orchestre… ont sollicité, à l’époque, un rendez-vous avec Mgr Charue alors évêque de Namur. Ils lui ont demandé de pouvoir, lors de ces fêtes, célébrer la messe en wallon. Et celui-ci de répondre : « Poqwè nin » (pourquoi pas). » Et depuis, chaque lundi des Wallos, cette messe est un véritable rendez-vous, incontournable pour beaucoup. « C’est une messe du souvenir » ponctue l’abbé Van Vynckt. C’est ainsi que le drapeau de 1830 est présent comme ceux des conflits de 14-18 et de 40-45. « On se souvient encore de toutes les personnes, membres de l’organisation, décédées ».

La messe du lundi marquera, à sa façon, cet anniversaire. La chorale des Chanteurs du rail et celle du Beffroi Notre-Dame se produisent, lors de la messe, en alternance. Cette année, elles seront réunies. Elles chanteront d’une seule et même voix soutenues par la Musique royale de la Police de Namur. Des représentants de groupes folkloriques seront impliqués lors de la procession des offrandes…

L’abbé Van Vynckt est heureux que cette messe soit célébrée, en wallon, comme d’autres ailleurs dans le diocèse. Il ne peut cependant s’empêcher de s’inquiéter sur l’avenir de ces célébrations. Bien peu de prêtres peuvent, aujourd’hui, se lancer dans un tel exercice. Par ailleurs, les plus jeunes ne sont plus des familiers de cette langue tellement savoureuse… Mais, ça c’est une autre histoire.

Christine Bolinne

Pour ceux qui n’auront pas rejoint l’église Saint-Loup à Namur, la messe est à suivre, ce lundi 18 septembre, dès 10h, sur Boukè.

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