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Auteur
Christine Gosselin Auteure
Date
18 octobre 2023
Catégories
Anniversaire
Sacrements
Vocation
Type
« Et si c’était à refaire, je le referais ! »
Le 18 octobre
Un cri du cœur de l’abbé Michel Vincent qui cette année fête un double jubilaire : ses 50 ans d’ordination sacerdotale ; il était effectivement ordonné le 8 juillet 1973. Mais encore… L’abbé souffle aujourd’hui-même, dans la joie et la bonne humeur qui le caractérisent, ses 75 bougies ! Échanges avec cet heureux homme !
« J’ai eu et j’ai une vie heureuse, confie l’abbé. Je n’ai jamais rien demandé, tout est arrivé comme cela, au bon moment et ça a bien fonctionné. Chaque fois que l’on m’a confié une responsabilité, cela me semblait convenir à mes aspirations… J’ai la chance, aussi, d’être fondamentalement optimiste et d’avoir suffisamment d’humour pour relativiser les choses ».
Comment êtes-vous devenu prêtre ?
« Certainement le milieu familial. Mes parents étaient très croyants et pratiquants. Nous étions quatre garçons à la maison et nous avons été élevés dans cette foi vécue et priante. On avait nos chaises réservées à l’église… sourit l’abbé. Je pense que la figure d’un prêtre à Bouillon m’a profondément marquée. Celle de l’abbé Hadelin Bauvir, vicaire à Bouillon. Sa personnalité m’a interpellé dans sa dimension relationnelle, son ouverture à tous et son souci des personnes dans la précarité. Il est surement pour quelque chose dans le discernement de ma vocation. »
Vous êtes entré au Séminaire tout de suite ?
« Oui, à 18 ans. C’était une autre époque. Un moment important que l’entrée au Séminaire qui se trouvait encore à Salzinnes. J’avais fait un an à Floreffe. La seconde année, à Salzinnes, on avait l’impression de sortir de la serre chaude pour s’ouvrir à des étudiants laïcs. Cette ouverture était un élément important, ainsi que la rencontre de jeunes formateurs comme les abbés José Reding, Maurice Cheza, Camille Focant et le chanoine Didier qui m’ont profondément marqué. »
Et puis, il y a eu le doctorat en théologie morale ?
« Juste après mon ordination, on m’a proposé d’étudier à Leuven pour la licence en théologie puis à Louvain-la-Neuve pour le doctorat en théologie morale. J’ai eu la chance de rédiger ma thèse sous la direction de Mgr Delhaye, sur l’influence d’Emmanuel Mounier dans la rédaction du Schéma XIII « L’Église dans le monde de ce temps », couronnement du Concile Vatican II. Beaucoup de professeurs de Louvain – dont Mgr Delhaye qui y était expert – avaient vécu le concile et le collège du Saint-Esprit où je résidais, accueillait des prêtres étudiants venant du monde entier. Nous baignions dans une sorte d’effervescence, un bouillonnement d’idées assez incroyable et très porteur. »
Ensuite la carrière de professeur, puis d’inspecteur ?
« J’ai enseigné dans tous les niveaux depuis la « première accueil », enfants qui n’ont pas réussi leur CEB, à la section de sylviculture en passant par l’école normale. À Carlsbourg, j’ai été nommé professeur à l’école normale et aumônier de l’établissement jusqu’en 1985 où on m’a demandé d’entrer à l’inspection diocésaine, comme inspecteur de religion principal puis suite au décès de l’abbé Henri Ganthy, comme délégué épiscopal pour l’enseignement.
Y a-t-il des événements qui vous ont particulièrement marqués ?
« En octobre 1985, il y a eu un synode de l’église organisé par Mgr Mathen qui se tenait à Nassogne. Il a été l’occasion d’une réflexion des acteurs pastoraux engagés qui ont émis 8 résolutions d’une grande ouverture. Plus que des textes, c’est un esprit qui a caractérisé cette Assemblée diocésaine de Namur à Nassogne. Il a été possible de faire un travail de groupe de grande qualité avec des participants de sensibilités différentes et un pluralisme appuyé entre croyants. L’Assemblée diocésaine fut un événement, une expérience d’Église missionnaire. Mgr Mathen avait insufflé quelque chose dont on a un peu perdu le souffle aujourd’hui et qui serait peut-être à redécouvrir. »
Autres choses à déclarer ?
« Je suis un grand pêcheur ! [rires]… de brochet, de truites… La pêche est comme une respiration pour moi. A côté de la pêche, je prêche ! J’accompagne la Communauté de Clairefontaine en disant la messe quotidienne… Et puis… j’y fais des icônes ! On ne peint pas une icône, on écrit une icône… et quand on écrit, on prie. Il y a des moments de grand silence. On s’imprègne de la figure… »
Le mot de la fin ?
« Je rêve d’une autre Église qui se recentre sur l’annonce de l’Évangile. Si l’Église-institution n’est plus pertinente dans notre église occidentale. Trouvons d’autres formes… »
Voilà qui serait un beau cadeau ! Tout bel anniversaire à vous, Monsieur l’abbé Vincent !
Christine Gosselin