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Auteur

 Diocèse de Namur

Diocèse de Namur Rédacteur

Date

28 septembre 2011

Catégories

Communauté
Spiritualité
Vocation

Type

Témoignages

Frère Hervé, chanoine à l’abbaye de Leffe

Entré en 1999 à l’abbaye Notre-Dame de Leffe, Frère Hervé s’est confié à l’agence Apic sur la naissance de sa vocation et décrit le quotidien d’un chanoine régulier prémontré.

Frère Hervé, pourquoi avoir choisi l’abbaye de Leffe, à Dinant, dans le diocèse de Namur ?

Lors d’un séjour à l’abbaye, j’ai été séduit par l’architecture du lieu. Et surtout, j’ai beaucoup apprécié sa vie communautaire chaleureuse. J’ai été profondément interpellé: comment des hommes si différents peuvent-ils vivre ensemble ? J’ai constaté que le Christ, réellement présent à Notre-Dame de Leffe, rassemble les chanoines et permet un don plus grand et plus absolu de soi.

J’ai aussi été séduit par la vie de prière, qui est centrale dans la vie de Saint Norbert, notre fondateur. La prière est vécue de manière communautaire, tout en respectant des moments seul à seul avec Dieu. Cette oraison du cœur nous entraîne à faire silence, durant nos activités, pour prier Dieu.

Votre parcours n’a pas été sans détours. Comment s’est opérée votre arrivée à l’abbaye ?

A l’âge de 23 ans, j’ai décidé de prendre une certaine distance avec ma famille, mes amis et mes études, pour réfléchir sur mon projet de vie. J’ai vécu une année en Irlande, avec la communauté de l’Arche fondée par Jean Vanier. Au contact des personnes handicapées et aidé par une heure de prière quotidienne, j’ai compris que je devais consacrer ma vie à Dieu dans le célibat, tout en ne connaissant pas encore sa forme particulière.

Après une retraite ignacienne (le but des « Exercices spirituels » de saint Ignace de Loyola est de renvoyer le retraitant à Dieu, son Créateur et Seigneur, et de s’attacher à la personne de Jésus, tout en gardant sa personnalité propre, ndlr), j’ai à nouveau ressenti ce désir de consacrer ma vie à Dieu, de manière radicale dans la vie religieuse. J’éprouvais le besoin de partager avec tous, et non pas avec une personne plus particulièrement, comme dans le mariage. J’ai alors commencé des études de philosophie et de théologie à l’Institut d’Etudes Théologiques (IET), à Bruxelles. Elles m’ont mené ensuite à l’abbaye de Leffe.

Décrivez-nous la communauté des chanoines réguliers de Notre-Dame de Leffe.

La communauté de Leffe compte actuellement 16 chanoines: 13 prêtres et 3 personnes qui ne le sont pas encore. Nous sommes un ordre de clercs, c’est-à-dire de prêtres. Tous sont donc normalement appelés au sacerdoce. Il arrive toutefois que l’un ou l’autre reste frère ou diacre permanent.

Notre communauté est relativement jeune. Sa moyenne d’âge est de 55 ans. Le benjamin a 25 ans, l’aîné 82 ans. Nous ne détenons pas le secret de la jeunesse. Par contre, nous essayons de vivre ensemble l’Evangile. Notre vie communautaire et de prière, ainsi que notre ministère à l’extérieur, interpellent.

Vous prononcez le vœu de pauvreté. Mais vous n’êtes jamais démunis. Est-ce vraiment vivre la pauvreté ?

Oui, nous vivons une pauvreté matérielle, car rien ne nous appartient. Tout est mis au service de la communauté. Lorsque nous éprouvons un besoin, nous le partageons en communauté pour savoir s’il est nécessaire. Car nous sommes responsables, vis-à-vis de la communauté mais aussi de l’Eglise et des autres, des fonds mis à notre disposition.

Nous pouvons également vivre une pauvreté spirituelle. C’est-à-dire se sentir petit au niveau de la foi, par rapport aux autres qui nous entourent. L’Eglise en général, et l’Eglise de Belgique en particulier, vit un creux terrible. Il s’agit d’une réelle et grande pauvreté, qui nous invite à redécouvrir l’Evangile.

Selon la règle de saint Augustin, qui est la vôtre, la charité s’entend comme « le bien commun passant avant l’intérêt propre, non l’intérêt propre avant le bien commun ». Alors, la charité fraternelle est-elle un défi ou une contrainte ?

Si la charité fraternelle est vécue comme une contrainte, c’est une catastrophe. Il vaut mieux arrêter le projet de vie commune. Au contraire, la charité est un défi. Tout est vécu en communauté. La vie d’un chanoine régulier exige que nous mettions au service du bien commun tout ce que nous sommes et tout ce que nous faisons. Ainsi, la personne ne pense plus directement à elle. Elle se décentre d’elle-même.

Il revient à la communauté « de contribuer à construire la communauté humaine dans la charité », lit-on dans la présentation de l’abbaye. Comment Leffe participe-t-elle à l’édification de la communauté humaine ?

A Leffe, nous avons toujours le souci de placer notre mission au service du bien de tous. Le ministère pastoral est la caractéristique la plus remarquée de l’institution norbertine à laquelle j’appartiens. Les Prémontrés remettent « leur choix à la prudence de l’Abbé. Ce n’est plus alors l’engagement d’un individu, mais l’engagement du monastère », a écrit le Père Norbert Calmels, ancien Abbé général.
Père Bruno m’a nommé cellérier de l’abbaye. Je suis responsable de la gestion du personnel, de l’intendance, des bâtiments (mobilier, nourriture, consommables, …) et de la maison d’accueil (nous pouvons recevoir 31 personnes et nous disposons de 11 chambres).
En dehors de l’abbaye, j’exerce une activité de suppléance en paroisse, le week-end. Je m’occupe également de la préparation aux sacrements de la confirmation et du mariage. En plus, je participe à la pastorale des jeunes du diocèse de Namur.

Afin d’édifier un monde plus humain, l’abbaye de Leffe promeut la symbiose de la foi et de la culture. Sous quelle forme ?

Pour nous, il est fondamental de soutenir la culture et de partager le beau avec tout homme. Nous partons du principe que le beau se trouve dans des œuvres ou dans la musique contemporaine. Par exemple, nous soutenons le « Dinant Nazz Nights Festival », qui a parfois lieu en nos murs. Nous favorisons aussi diverses activités (théâtre, animation de rue).
Selon moi, des prêtres, des religieux doivent se réinvestir dans le culturel et accompagner les artistes dans leurs intuitions spirituelles. Cette rencontre nous permet d’être témoin de quelque chose et surtout des porteurs du Christ. Or, je déplore qu’aujourd’hui, nous n’ayons quasiment plus d’œuvres d’art à connotation religieuse.

Ctb/Apic/Gilles Gay-Crosier /pg

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