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Auteur

Thibauld Menke

Date

16 décembre 2024

Catégories

Cathédrale
Patrimoine

Type

Actualités diocésaines

L’entretien du carillon de Saint-Aubain, ou comment prendre soin de l’écho du Temps

Si vous étiez à Namur ce mercredi 11 décembre en matinée, vous avez peut-être entendu les cloches de la cathédrale sonner à des heures inhabituelles. Pas de panique, cependant ! Ce n’était ni l’annonce de nomination d’un nouvel évêque, ni l’appel du Jugement Dernier, mais simplement l’entretien annuel, nécessaire au bon fonctionnement et à la sécurité de notre cher carillon.

Tour Saint-Aubain

Logées au sommet de la tour Saint-Aubain, les cloches du carillon accompagnent le quotidien des Namurois depuis le XIème siècle. Petites sonneries régulières pour cadencer la journée, ou grosses « volées » pour les événements importants, messes, mariages, glas pour le décès des évêques ; leur musique ne vous est sans doute pas étrangère tant elle embaume le paysage sonore de notre capitale wallonne. De quoi rappeler qu’à une époque où l’horlogerie ne régulait pas nos vies, et où l’électricité ne repoussait pas la nuit, c’étaient les clochers qui rythmaient et sanctifiaient le temps.

Adossé à la cathédrale, un ancien campanile, appelé tour Saint-Aubain, accueille les quarante-neuf cloches qui sonnent tous les quarts d’heure. Pour accéder au carillon, « il faut descendre pour pouvoir monter », nous indique l’archiprêtre de la cathédrale, en paraphrasant l’Epître aux Ephésiens. En effet, si l’on veut avoir la chance de voir les cloches de la tour Saint-Aubain, il faut emprunter une porte menant aux salles dédiées au Chapitre, descendre une volée d’escaliers, s’approcher de la crypte des évêques, puis gravir un escalier de pierre en colimaçon. Si le carillon n’est pas directement relié à la cathédrale, c’est parce que les deux parties n’étaient à l’origine pas le même bâtiment ; le campanile étant le dernier vestige de l’ancienne collégiale du XIème siècle, aujourd’hui disparue.

Arrivé au sommet de l’escalier de pierre, l’aventurier n’est pas au bout de ses efforts : un autre escalier, de bois, cette fois, et semblant avoir été charpenté depuis des temps immémoriaux, prolonge notre ascension ; tandis qu’une porte encastrée dans le mur mène à une terrasse ceignant le campanile – pas plus large qu’une gouttière, et proposant un point de vue unique sur la ville de Namur. L’escalier, presque aussi raide qu’une échelle, nous emmène à ce pour quoi nous sommes venus : une première salle où siègent les plus grosses cloches – parmi lesquelles, le chef d’entre toutes : le bourdon « Aubain » ! Un mastodonte de bronze pesant près de trois tonnes. Le bourdon, c’est la cloche-mère, la plus imposante et qui émet une note inférieure à un Do 3. Un son qui s’étend à plusieurs kilomètres et qui constitue sans doute l’une des plus graves notes que puisse émettre un instrument. Mais le bourdon n’est pas seul, accompagné de sa chorale d’autres cloches, enchevêtrées dans un assemblage complexe de poutres ancestrales et d’acier pour les soutenir ; elles semblent posées là depuis l’origine, n’attendant que l’ordre des carillonneurs pour rythmer le temps des Hommes. Continuons de monter, encore un étage : là se trouve la « salle des machines », avec le clavier permettant d’actionner le carillon, et où Thierry Bouillet, le carillonneur, accorde son instrument.

Vient enfin le sommet, dans les combles du clocher, où résident les plus petites cloches. Là, nous retrouvons un ouvrier qui procède à leur entretien, accroupi entre deux poutres, un outil long comme le bras à la main droite, et un bidon d’huile à la main gauche. Il s’agit de graisser les rouages, de serrer les écrous. De cet entretien dépend la sécurité de tout l’édifice, mais aussi son harmonie ; des cloches mal entretenues pouvant sonner faux. Un tel entretien est nécessaire en moyenne tous les ans. Le « clochard », comme il aime se présenter lui-même, nous explique les deux moyens de faire sonner les cloches : manuellement, via le carillon, relié par une ingénierie habile de cordes aux différentes cloches ; et automatiquement, via un ordinateur central permettant de les actionner par voie électronique. Le clocher est médiéval, mais la technique est moderne ! Nous sommes loin du moine suspendu à une corde, image d’Épinal héritée des anciens. Il nous raconte aussi les différentes manières pour la cloche de produire un son : par un marteau frappant le bronze, ou par la célèbre « volée » ; avec toutes ses variantes : lancer franc, mode rétrograde, rétro-mitigé, etc. Les passionnés comprendront !

L’entretien touchant à sa fin, Thierry Bouillet nous propose une petite démonstration. Pour la peine, le carillonneur nous interprète une célèbre chanson de Jacques Brel, Ne me quitte pas. Moment suspendu. Nous redescendons, prenant à nouveau conscience de la hauteur de l’édifice. Une réflexion subsiste en nous cependant : ô combien est grand le mystère de la foi, qui motiva les Hommes à construire choses si majestueuses.

T.

La démonstration de Thierry Bouillet filmée :

Galerie photo du reportage

Pour aller plus loin

Retrouvez ici notre bande dessinée sur la cathédrale Saint-Aubain

https://t68mcbsseb.preview.infomaniak.website/actualites/le-carillon-de-st-aubain-a-retrouve-ses-cloches
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