Messe d’action de grâce pour Léon XIV à Saint-Aubain de Namur

La cathédrale Saint-Aubain de Namur a accueilli ce lundi 12 mai 2025 une messe d’action de grâce en l’honneur de Léon XIV. Rassemblant le diocèse autour de Mgr Warin, évêque de Namur, cet événement a permis de marquer l’entrée du nouveau pape en tant que pasteur universel.

Te Deum laudamus te Dominum confitemur

« Ô Dieu, nous te louons : ô Seigneur, nous te glorifions. » La cathédrale Saint-Aubain de Namur était pleine à craquer. Toute la province ecclésiastique s’était donné rendez-vous autour de son évêque, Mgr Warin, pour une messe d’action de grâce en l’honneur du nouveau successeur de Pierre, Léon XIV.

À cette occasion, les chanoines ont ouvert les célébrations par leur office capitulaire. Un Te Deum, chanté dans la langue de nos Pères pour louer Dieu et préparer les cœurs à la célébration.

Oremus pro Pontifice nostro Leone

« Prions pour notre Saint-Père le pape Léon ». Car l’élection d’un nouveau pape, c’est une page qui se tourne, et un nouveau chapitre qui commence dans la continuité de l’histoire de l’Eglise. Un événement central dans notre vie de croyants, qui nous rappelle que l’Eglise est guidée à travers ses pasteurs.

Le livret de messe du jour rappelait la Constitution Dogmatique de Vatican II, Lumen Gentium : « le pontife romain, comme successeur de Pierre, est le principe perpétuel et visible, et le fondement de l’unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des fidèles » (§23).

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Les chanoines ont conclu leur office et la chorale entonna les Laudes Regiae, un chant d’origine carolingienne pour acclamer le Christ Roi, les saints ou le pape. En ce jour, c’est Léon XIV que nous acclamions, dans la joie et la prière du peuple chrétien pour son ministère.

Tu es Petrus, et super hanc petram aedificabo Ecclesiam meam

« Pierre, tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise. » Les célébrants sont ensuite entrés en procession sur le chant d’entrée Pierre, tu es Pierre, reprenant les paroles du Christ à Simon. Ce chant souligne que l’Église, bien que structurée en provinces et diocèses pour des raisons de gouvernance pastorale, demeure un seul et unique peuple de Dieu. Un peuple dont les évêques, dans chaque territoire, sont unis au successeur de Pierre, à qui le Seigneur a confié son Église pour qu’il en soit le pasteur (Lumen Gentium, §8). En communion avec Léon XIV, notre Saint-Père, c’est donc toute l’Eglise qui communie ensemble, à la suite des apôtres.

La messe a ensuite continué avec la liturgie de la parole, où les lectures ont pu résonner dans le cœur de chacun. Dans son homélie, Mgr Warin a retracé le parcours du pape Léon XIV, ancien missionnaire au Pérou, prieur général des Augustins, puis évêque de Chiclayo, avant d’être appelé à Rome comme cardinal et préfet du Dicastère pour les évêques. Il a souligné les priorités du nouveau pape : la paix, la justice sociale et le lien symbolique avec Léon XIII et saint Augustin. En lien avec la première lecture, il a médité sur le testament pastoral de saint Paul, insistant sur l’importance de l’exemple, de l’humilité et du service dans l’épreuve.

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Homélie de Mgr Warin pour la messe d’action de grâces à Léon XIV – 12 mai 2025

Robert Francis Prevost est natif de Chicago. Il entre dans l’Ordre des Pères de Saint-Augustin, puis est envoyé en mission au Pérou. Revenu aux Etats-Unis, il est choisi comme prieur général de son Ordre. En 2014, il est nommé Administrateur apostolique, puis évêque de Chiclayo au Pérou. En 2023, le Pape François l’appelle à Rome, le crée cardinal et l’établit Préfet de l’important Dicastère qui prépare les nominations des évêques.

Ce bref parcours de ce que fut jusqu’ici sa vie convainc que le nouveau Pape est, comme son prédécesseur, un être d’exception. Le Pape François avait des appréhensions quant à l’éclatement d’une troisième guerre mondiale. Le nouveau Pape a choisi de prêcher la paix, celle que Jésus donne. En témoignent ses premiers mots prononcés sur la loggia de la Basilique Saint-Pierre, le jour de son élection, en l’anniversaire même de la capitulation nazie.

Le Pape Léon XIV a aussi le dessein de promouvoir la justice sociale à l’instar du Pape Léon XIII, le Pape de « Rerum Novarum ». Il a pu toucher les criants manquements à cette justice lors de sa mission au Pérou. S’il a choisi de s’appeler Léon, c’est aussi parce que nous sommes entrés dans une révolution digitale qui n’est pas sans rappeler la révolution industrielle de la fin du XIXème siècle. À noter enfin que saint Augustin (354-430) précède de peu le pontificat de Léon Ier le Grand, pape de 440 à 461.

Au nouveau Pape, le Seigneur déclare aujourd’hui « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise, et la Puissance de la mort n’aura pas de force contre elle. »

Permettez-moi d’adresser mes chaleureuses félicitations à l’Ordre des Pères de Saint-Augustin très présent dans le diocèse, que ce soit dans l’unité pastorale de Namur-Nord et le sanctuaire de Sainte-Rita, dans le secteur pastoral de Jambes, dans l’unité pastorale de Manhay ou encore dans celle d’Erezée.

La première lecture de cette célébration est un discours que Paul adresse au terme de son ministère aux anciens de l’Eglise d’Éphèse, qu’il a convoqués à Milet. Je relève quelques points du testament pastoral de Paul.

Paul ne dit pas : « Vous vous rappelez ce que je vous ai dit », mais : « Vous savez comment je me suis comporté. » Paul a fait plus qu’il n’a dit. On diffuse l’Evangile plus par l’exemple que par la parole. L’exemple est plus parlant que la parole. Deux prêtres qui s’égratignent mutuellement peuvent faire les prédications les plus belles sur l’amour du prochain ; ils ne convaincront que fort peu.

Quand le saint Curé d’Ars parlait du bon Dieu et répétait : « Il est là ; il est là », les cœurs étaient touchés parce que c’était lui qui le disait, lui que l’on savait à genoux longtemps avant le lever du jour devant le Saint-Sacrement. Il y a aujourd’hui des prêtres dans le diocèse qu’on aime entendre pas parce qu’ils prêchent bien.

Paul dit : « J’ai servi le Seigneur », plutôt que : « J’ai été votre serviteur. » Assurément, il le dit dans la suite, il n’a rien négligé pour être utile à ses frères. Mais il dit : « J’ai servi le Seigneur », plutôt que : « J’ai été votre serviteur », parce que dans l’apostolat, c’est la dimension verticale qui donne à la dimension horizontale toute sa mesure.

Paul dit : « J’ai servi le Seigneur dans les larmes et au milieu des épreuves. » Paul a souffert au point d’en pleurer. La souffrance est un mal à combattre. Mais quand elle est inévitable, il ne faut pas la considérer comme une simple parenthèse. Notre souffrance peut être un temps de grâce, parce que Dieu l’habite.

Sans nos échecs, n’aurions-nous pas facilement la conscience d’être des justes ? Ce qui est le pire : « Je suis venu, a dit Jésus, appeler non pas les justes, mais les pécheurs. » Sans nos échecs, ne deviendrions-nous pas de petits monstres d’orgueil, pleins de prétention et sans attention à nos frères ? Nous souffrons parfois parce que nous nous découvrons sans force, sans provision. Mais c’est pour que nous apprenions à compter sur la grâce.

Apôtres dans l’aujourd’hui, recueillons précieusement le testament pastoral du grand apôtre Paul. Paul dit : « J’ai témoigné. » Il n’a pas cherché à persuader. L’évangélisation n’utilise que des méthodes douces.

Paul dit : « J’ai servi le Seigneur en toute humilité. » La Vierge Marie parle d’elle-même comme l’humble servante du Seigneur. Et pour montrer comment on doit servir, Jésus a pris la place de l’esclave et lavé les pieds de ses disciples.

Paul dit : « Je n’attache aucun poids à ma propre vie. » Il est légitime de veiller à sa santé et à son équilibre. Mais n’oublions pas que se tourner trop exclusivement vers sa propre personne est le meilleur moyen de manquer l’objectif.

Cathédrale, le 12 mai 2025.
Messe d’action de grâce pour l’élection de Léon XIV
Ac 20,17ss et Mt 16,13-19

+ Pierre Warin