Partager
Auteur
Thibauld Menke
Date
30 septembre 2024
Catégories
Belgique
Vatican
Type
Pour une plus grande gloire de Dieu – Retours sur la visite pontificale
Que nous soyons laïcs ou religieux, fidèle ou éloigné de l’Eglise, cette visite pontificale n’a laissé personne indifférent. Nous avons tous vécu ce weekend du 29 septembre au rythme des mots, gestes et surprises du Saint-Père.

De la rencontre du samedi matin avec les acteurs pastoraux à Koekelberg, jusqu’à la messe du dimanche au stade roi Baudouin, c’est toute l’Eglise de Belgique qui a vibré avec son pape. Un pape qui nous a habitué aux surprises et coups de théâtre : visite au home saint Joseph des Petites Sœurs des pauvres dans les Marolles, après sa rencontre avec le Roi ; petit-déjeuner solidaire dans la paroisse de Saint-Gilles, avant sa réunion avec les officiels de l’Eglise ; et, enfin, un saut aussi impromptu qu’improbable au Hope Happening, où le pape François s’est présenté devant plus de 5000 jeunes qui l’acclamaient dans la joie et l’espérance. Un succès qui aurait fait pâlir de jalousie n’importe quelle rockstar en herbe.
Ainsi, pauvres, anciens et jeunes, ont tous pu rencontrer le Saint-Père, écouter ses réflexions et recevoir ses bénédictions, au même titre qu’officiels du Palais Royal ou de l’Eglise ; faisant de cette visite pontificale l’incarnation vivante des trois mots-clefs de son homélie : l’ouverture, la communion, le témoignage.
L’ouverture, d’abord, celle de toute l’Eglise, que la Lecture de ce dimanche exprimait en ces mots : « Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! » (Nb 11:29) Le pape François nous a rappelé que nous avons, tous, par notre baptême, reçus une mission de l’Eglise. Cette même mission qu’il a décliné en trois mots, lors de sa rencontre avec les acteurs pastoraux à Koekelberg : une mission d’évangélisation, de joie, de miséricorde. Une mission qui ne peut être vue comme un « obstacle de présomption et de rigidité », et que nous devons accomplir avec « humilité, gratitude et joie. »
La communion, ensuite, celle qui met l’Evangile de miséricorde – si cher au Saint-Père – à la source de tous nos choix. Le pape François, en se fondant sur l’Épître de Jacques, met en garde contre l’égoïsme de l’intérêt personnel et de la logique de marché. Cet égoïsme qui corrompt, et qui ne laisse pas de place à ceux en difficulté : « Et vous autres, maintenant, les riches ! Pleurez, lamentez-vous sur les malheurs qui vous attendent. » (Jc 5:1) Cette absence de miséricorde, c’est aussi celle qui est à la racine de la violence, « lorsque nous utilisons les rôles que nous avons pour écraser les autres. » Sorti de son discours, le Saint-Père nous a adressé cette exhortation : « Je demande à tous de ne pas couvrir les abus ; le mal ne se cache pas. Et que soient jugés les abuseurs », ainsi, nous cesserons de « scandaliser les petits. » (Mt 18:6)
Sans remettre la miséricorde au cœur de nos choix, « aussi imposants puissent-ils paraître, les monuments de notre opulence seront toujours des géants aux pieds d’argile. » Mise en garde pour notre Eglise ? Peut-être, mais non dénuée de solutions ! Notre Eglise, le Saint-Père veut qu’elle soit « en mouvement », une Eglise « de témoignage ». La crise qu’elle traverse doit servir à « nous secouer, nous interroger et changer » afin de revenir à l’essentiel : l’Evangile. Nous devons nous demander « comment pouvons-nous faire parvenir l’Evangile dans une société qui n’écoute plus, qui s’est éloignée de la foi ? » Le pape nous répond : « le chemin est la joie » ! Une joie qui nous fait monter au Père, qui nous fait comprendre qu’Il est miséricorde, qu’Il s’émeut pour nous. « Dieu ne se tient pas à l’écart de nos blessures et de nos impuretés ». En répondant sur le sujet des prisonniers, le pape François ajoutait : « Tout le monde commet des erreurs, mais personne n’est une erreur », reprenant ainsi les mots de saint Paul, « Jamais Dieu ne retire son amour pour nous », que nous soyons les pauvres qui crient, ou les moissonneurs qui protestent (Jc 5:4), nous sommes tous de pauvres pécheurs appelés à la conversion, et donc, au témoignage de celle-ci.
La Belgique, autrefois « christianisme installé », est dorénavant « christianisme de minorité », mais les exemples de missionnaires belges, cités par le Saint-Père, ne manquent pas ! Gudule, Guidon, Damien de Molokai – nous ajoutons : Aubain, Berthuin, Servais, Materne et Lambert ! Ces missionnaires ont « annoncé l’Evangile dans diverses parties du monde, parfois jusqu’au sacrifice de leur vie. » Paroles inspirantes reçues avec joie et espérance, dans cette époque de défis. Une époque de remise en question nous poussant à sortir de nos chapelles pour retrouver, au dehors, cette terre de mission qui a fait l’Eglise de Belgique. Telles sont les velléités du pape François pour nos contrées. Dernière exhortation du Saint-Père : « Marchons ensemble, avec l’Esprit, pour, ensemble, être l’Eglise. » Cette Eglise en mouvement, cette Eglise d’ouverture, de communion, de témoignage, voulue par notre Seigneur Jésus-Christ, pour une plus grande gloire de Dieu.
Les textes officiels du Pape :
- Rencontre avec les évêques, les prêtres, les diacres, les personnes consacrées, les séminaristes et les acteurs pastoraux à la basilique de Koekelberg
- L’Homélie du Saint-Père au stade Roi Baudouin
Photo : Quentin Denoyelle