Toussaint : tous saints ?

« Je crois à la communion des saints ». Ces mots de la profession de foi baptismale redisent un aspect essentiel de notre vie chrétienne que la fête de tous les saints nous donne l’occasion de redécouvrir. Comment cette communion se donne-t-elle à vivre ? Et quelle est la place que chacune et chacun de nous y tient ? Pour nous parler de la sainteté, nous passons la plume à Frère Christophe Monsieur, moine à l’abbaye de Leffe.

Être saint, qu’est-ce que c’est ? Quand je contemple les saints et saintes que l’Église nous propose comme modèles et intercesseurs, je me dis que je suis bien petit à côté des géants de la sainteté comme Irénée, Augustin, Thérèse, Julienne, Vincent de Paul, Martine Bourtembourg, Mutien-Marie, Dom Marmion, Mère Teresa et tous les autres. Pourtant, c’est Jésus lui-même qui invite chacun et chacune de ses disciples à marcher à sa suite, à vivre la sainteté au quotidien. C’est donc que cet idéal de vie est réaliste et réalisable pour chacun.

La constitution sur l’Église du Concile Vatican II développe l’idée de l’appel universel à la sainteté en nous donnant quelques indications. « Le Seigneur Jésus a prêché cette sainteté de la vie à tous et à chacun de ses disciples, quelle que soit sa condition : « Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48) » (LG 40). Cette sainteté, cette perfection, comment la vivre ? La citation de l’évangile selon saint Matthieu peut trouver un éclairage à travers son parallèle dans l’évangile selon saint Luc : « Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux » (Lc 6,36).

La sainteté, ne serait-ce pas tout simplement de donner toute la place dans nos cœurs et nos vies à la miséricorde, à la compassion et à tout ce qui est au service de la Vie ? Découvrir le chemin du cœur qui permet d’accueillir cette miséricorde dans tous les recoins de notre vie, se recevoir et s’accueillir soi-même avec compassion et bienveillance, ouvrir l’espace son cœur pour y accueillir l’autre dans ce même esprit. La perfection n’est pas alors un appel à être sans faute et sans défaut mais une invitation à grandir sans cesse, à continuer notre marche sur les chemins de la vie pour que, à travers chutes et combats, petit à petit, miséricorde, bonté, humilité, mansuétude et patience (Col 3,12) déploient leur force et renouvellent notre cœur, notre esprit et nos relations.

La sainteté est un don que Dieu nous fait par le baptême. Les baptisés « doivent donc, avec l’aide de Dieu, maintenir et perfectionner dans leur vie cette sainteté qu’ils ont reçue. » (LG 40). Et cela n’est possible qu’en s’appuyant sur l’abondante miséricorde, toujours offerte par Celui qui seul est Saint. Didier Rimaud l’exprime dans un beau chant : « Si le vin vous a manqué pour chanter vos chants d’amour, si vous n’avez jamais eu votre compte de bonheur, si le mot de liberté est un mot qui vous dévore, si vous n’avez eu le temps ni d’aimer, ni d’être aimés, vous qui n’avez rien venez, Dieu vous fait justice, la terre vous est promise »

Communion

Dans le symbole baptismal, nous proclamons notre foi en la communion des saints. C’est surtout pour parler de la communion au cours de la messe que nous employons le mot « communion ». Chacun y reçoit le corps du Christ et, en s’unissant au Christ, participe à son corps qui est l’Église. De la même manière, en partageant Sa vie même et en communiant aux mêmes biens spirituels, nous sommes en communion avec Dieu mais aussi avec cet « amour aux cent visages qui forment ensemble, dans la lumière, la seule icône de gloire : Jésus Christ ! » (CFC, tropaire de la Toussaint). Les saintes et les saints de tous les temps vivent déjà cette sainteté dans la plénitude de l’amour de Dieu. La communion qui nous unit à eux nous permet de découvrir leur sollicitude pour notre propre vie et notre bonheur. Disciples de Jésus, ils vivent pleinement ce que nous sommes en train de vivre encore imparfaitement dans notre existence terrestre. Mais tout ce qui vaut la peine d’être vécu – la sainteté par exemple – vaut aussi la peine d’être vécu dès maintenant, de manière encore imparfaite : nous continuons donc notre pèlerinage sur terre soutenus par cette belle communion avec le Ciel.   

On pourrait comparer cette communion des saints à une paella…

Frère Christophe

Ciel et terre  

Comme les saints, nous sommes, nous aussi, disciples de Jésus-Christ. Nous comptons sur l’intercession de nos frères et sœurs les saints. Et notre propre vocation à la sainteté nous appelle à nous engager pleinement, totalement sur le chemin du don. On pourrait comparer cette communion des saints à une paella : différents ingrédients qui ailleurs ne se marient pas nécessairement bien (viande-poisson) s’unissent avec des fruits de mer, des légumes, du riz et des épices. Nous aussi, dans notre diversité et nos différences, nous marchons ensemble, et notre existence terrestre côtoie déjà la vie du Ciel. Mais il ne suffit pas de mettre les ingrédients dans une poêle pour réussir sa paella : une source de chaleur devra faire mijoter les ingrédients pour que chacun déploie sa saveur et participe à la réussite de tout le plat. Nous aussi, c’est au feu de l’Esprit que lentement nous nous ouvrons à l’action de Dieu en nos vies, que nous participons et collaborons à la venue du règne de Dieu, en aimant Dieu et en aimant notre prochain puisque c’est d’amour qu’il s’agit au ciel et sur la terre.

Fr. Christophe Monsieur, abbaye de Leffe

A l’approche de la solennité de la Toussaint le 1/11, la plateforme Egliseinfo nous rappelle de bien encoder les horaires des messes prévues dans les différentes paroisses, ainsi que les heures de présence dans les cimetières pour la fête des défunts le 2/11.