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Dans la revue diocésaine Communications, l’abbé Bruno Robberechts, doyen de Leuze, propose chaque mois une sélection de quelques livres sortis récemment. Vous trouverez ci-dessous les dernières recensions publiées… Les livres présentés dans cette rubrique sont en vente dans les deux librairies CDD du diocèse à Arlon et à Namur ainsi que sur leur site web.
Petite Sagesse élémentaire. Le réalisme de la foi
Gérard SIEGWALT, Petite Sagesse élémentaire. Le réalisme de la foi, Cerf, (Patrimoines), Paris, 2024, 171 p

La foi peut être une source de sagesse en éclairant l’expérience humaine et en l’inscrivant dans un espace de liberté. L’auteur, ancien professeur à la faculté protestante de Strasbourg, montre comment le christianisme repose sur un réalisme de la foi, qui donne sens au réel plutôt que de s’en détacher. Ce défi se pose aujourd’hui dans un monde marqué par la modernité et l’intelligence artificielle, où il s’agit de préserver une place pour la transcendance et la vocation humaine. Insistant sur la patience dans le cheminement spirituel, Siegwalt articule la foi à ce qui ouvre et accomplit l’existence.
Éloge spirituel de la tendresse
Odile HAUMONTE, Eloge de la tendresse, Artège, Paris, 2023, 147 p

Bien des obstacles nous empêchent de manifester à nos proches, par la tendresse, un débordement de l’amour que Dieu nous donne. Il y a ce que nous devons faire pour les autres, mais il y a un surcroît de bienveillance qui relève d’un style de vie qui a dépassé des freins à l’expression d’une bonté, qu’humblement, discrètement, nous pouvons témoigner aux autres. Ainsi, l’amour rend courageux, fait dépasser la peur. La tendresse dénonce aussi un endurcissement du cœur : elle fait voir que la violence peut parfois se fabriquer de fausses raisons. Il y a encore l’orgueil qui dit bien souvent en négatif l’importance de l’humilité. L’ouvrage fait valoir dans différents milieux comme la famille et les lieux d’Église, l’importance irremplaçable de la tendresse. De quoi demander avec insistance l’Esprit-Saint qui pourra allumer en nous un rayonnement qui dise la tendresse de Dieu.
Le Seigneur n’était pas dans le feu. Elie. Cantate sur le silence de Dieu
Anne LECU, Le Seigneur n’était pas dans le feu. Elie. Cantate sur le silence de Dieu, Cerf, Paris, 2025 ; 192 p.

Anne Lécu invite à méditer les passages du livre des Rois qui permettent de faire connaissance avec Élie, textes inspirés pour nous dire avant tout quelque chose de Dieu. L’ouvrage nous invite à marcher avec Élie : à l’Ouest, du Sud au Nord, puis vers l’Est mais aussi en descendant en quelque sorte les échelons d’une voie spirituelle qui fait reconnaître que la vie avec Dieu, pour être réelle autant que spirituelle, doit être concrète et incarnée. C’est là une clé d’interprétation qui s’affine encore quand le chrétien se reconnaît attaché au Christ, Parole de Dieu, mort et ressuscité. Avec la crise existentielle bien connue de l’homme de Dieu reconnu en Elie, on peut aller vers la conversion pour découvrir, avec Jean de la Croix, que tout ce qu’on peut saisir de Dieu risque bien d’être totalement différent de ce qu’est Dieu en lui-même. Comme prophète, Élie a joué avec le feu. Mais Dieu n’était pas dans le feu. Il est dans la vie qu’il donne. L’ouvrage invite à une riche lecture spirituelle de passages bibliques jamais épuisés.
Ruptures dans les communautés monastiques aux XIXe et XXe siècles
Luc COURTOIS, (avec la collaboration de Guy Zélis), Ruptures dans les communautés monastiques aux XIXe et XXe siècles, Entre tradition et innovation, Presses Universitaires de Louvain, (ARCASillages), Louvain-la-Neuve, 2024, 200 p.

Cet ouvrage rassemble les actes du colloque organisé par les Archives du Monde Catholique (ARCA) les 24 et 25 novembre 2022 à Louvain-la-Neuve. Il met en lumière les débats récurrents au sein des communautés monastiques sur le choix de leur mission, entre fidélité à la tradition et ouverture apostolique. Parmi les thèmes abordés : la liturgie, le rôle des abbayes comme pôles d’enseignement et leur soutien à la prière des proches. Une étude sur la communauté de Taizé souligne l’appel du frère Roger Schütz à favoriser des foyers de piété et de ferveur chrétienne. Les contributions de Jean Pirotte et André Haquin illustrent comment Maredsous, malgré des tensions, a été un berceau d’initiatives d’ouverture sur le monde. Ce questionnement sur l’équilibre entre enracinement et renouveau demeure central pour l’avenir monastique.
L’homme au cœur de la création
Benoït XVI, L’homme au cœur de la création. Les textes clés du pape précurseur de l’écologie intégrale, introduction par l’abbé Eric Iborra, Artège, Paris, 2024, 292 p.

L'enseignement de l’Église sur l’écologie serait-elle une invention récente ? Dès 2008, Benoit apparaissait comme le pape vert et qualifiait de péchés « la destruction de l’environnement, la richesse excessive et la création de la pauvreté. » Son encyclique Caritas in Veritate n’oubliait pas de faire valoir l’énergie et l’eau comme des ressources devant être partagées de manière juste et en tenant compte de la dignité de la vie humaine à tous les niveaux. Le mot écologie semble avoir une saveur quelque peu étrangère au monde ecclésial. L’ouvrage montre que le pape Benoît XVI a considéré ce thème sous l’angle du développement global, intégral même quand la problématique environnementale ne faisait encore qu’éclore au niveau profane. Ce livre permet en tout cas de constater qu’il a été un précurseur en ce domaine en invitant les chrétiens à s’engager à la lumière de l’enseignement social de l’Église.
Dieu est dé-coïncidence
François JULLIEN, Dieu est dé-coïncidence, Labor et Fides, Genève, 2024, 102 p.

L’auteur, philosophe imprégné des cultures chinoises et grecques, explore le quatrième évangile pour en libérer une vision figée du christianisme. Dieu ne se réduit ni à une croyance ni à un vestige culturel, mais s’ouvre dans l’accueil et la disponibilité. Face à l’indifférence ambiante, Jullien introduit la dé-coïncidence : au-delà des paraboles, Jésus mène par ruptures successives vers le salut et la vie. L’intimité du sujet s’ouvre alors à l’Autre. L’inouï du christianisme ne réside pas seulement dans le miracle, mais dans la nouveauté radicale de la résurrection, que Jean met en lumière de façon singulière.
Lueurs d’ermitage
Benoît GOFFIN, Lueurs d’ermitage, Weyrich, Bastogne, Bruxelles, 2024, 257 p.

À Bernister, tout près des HautesFagnes, une ancienne bâtisse servit d’ermitage à un moine sorti de sa communauté après des sombres affaires. Le Père Élisée vint donc s’y établir tout donné à la prière, en accueillant quelques fidèles pour la messe célébrée à la chapelle. Par une correspondance qu’il proposa à un commissaire intervenu dans l’affaire de sa communauté, les notes de ses recherches spirituelles et de la vie en retrait qu’il mena ont permis cette publication. Des péripéties et des questions de subsistance dans ce cadre de vie sommaire émergent les fruits d’une quête existentielle de ce religieux. Ainsi «la solitude, confie-til, est un questionnement perpétuel. Elle ne laisse pas en paix contrairement à ce que croient ceux qui ne s’y confrontent pas. Nous sommes des êtres changeants, ambigus, véritables kaléidoscopes de passions, de désirs, de regrets. Ceux qui se retirent du monde ne cherchent peutêtre rien d’autre qu’une improbable unité dans ce chaos en eux. » Le lecteur sera touché par le ton de confidence de cette histoire qui prit fin avec la mort du Père Elisée en 1989.
Un cœur qui écoute
Cyril LEPEIGNEUX, Un cœur qui écoute. 25 témoignages de rencontre avec Dieu, Editions Emmanuel, KTO, Paris, 2024, 280 p.

On préfère parfois le témoignage oral quand il s’agit de découvrir des personnes qui ont vécu d’intenses expériences. Dans son émission « Un cœur qui écoute » sur KTO, Cyril Lepeigneux accueille ainsi des personnes dont les paroles bousculent et motivent. Parce que cela peut toucher un public autre que les téléspectateurs de KTO, c’est donc sur papier que les témoignages sont accessibles. Le livre reprend une grosse vingtaine de passages à l’antenne, et chaque histoire offre une histoire de rencontre avec Dieu qui ne peut que reposer une question comme « et pour toi, comment Dieu agit-il ? L’as-tu déjà rencontré?» Des questions comme celles-ci apparaissent à la fin de chaque témoignage, comme autant d’invitations, surtout, à se rendre disponible à sa rencontre.
Dieu prend soin de nous
Jean-Marie GUEULLETTE, Dieu prend soin de nous, Goûter la vie spirituelle avec saint François de Sales, CERF, Paris, 2025, 135 p.

La vie chrétienne ne repose pas sur des principes trop clairs, décalés par rapport à la vie parfois complexe. Elle n’expose pas à l’insatisfaction de n’en faire jamais assez, comme si c’était un manque d’amour. La vie chrétienne nous invite à faire ce que nous pouvons faire pour Dieu et le prochain. Et nos capacités dans cette voie sont à revoir à la hausse : même si le contexte peut être inquiétant, troublant, l’amour nous précède. Saint François de Sales, à l’école de qui ce livre nous met, ne cesse de nous faire découvrir la source qu’est l’amour de Dieu dans un message qui nourrit l’espérance et dans le langage plein de douceur de saint François de Sales. Plus nous comprenons combien Dieu nous aime et comment il nous aime, plus nous devenons capables d’aimer les autres de la même manière, à notre mesure. Nous découvrons qu’il nous faut avoir soin des autres comme Dieu a soin de nous. L’ouvrage reprend de nombreux passages de saint François de Sales, de quoi redécouvrir cette magnifique figure spirituelle.
Le christianisme est un anarchisme
Jérôme ALEXANDRE, Le christianisme est un anarchisme, Textuel, (Petite encyclopédie critique), Paris, 2024, 191 p

Que la tradition religieuse ne fige pas le dynamisme d’une vie animée par le désir du Royaume. Plutôt que de craindre l’anarchisme comme une menace aux repères religieux, ne peut-on y voir une source de renouveau spirituel et politique ? Le christianisme et l’anarchisme partagent une affinité : tous deux rejettent une loi figée au profit d’un engagement vivant. Jésus dénonçait l’hypocrisie d’une observance qui éteint la mystique. L’action politique, régénérée par l’amour et la justice, retrouve son sens dans l’expérience du désir de justice. Proudhon, Pascal et le pape François, dans Fratelli Tutti, montrent combien justice et charité doivent s’unir. Construire la paix et la justice s’enracine dans la foi, à la suite du Christ, qui accomplit la loi en la renouvelant contre toute injustice.