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Dans la revue diocésaine Communications, l’abbé Bruno Robberechts, doyen de Leuze, propose chaque mois une sélection de quelques livres sortis récemment. Vous trouverez ci-dessous les dernières recensions publiées… Les livres présentés dans cette rubrique sont en vente dans les deux librairies CDD du diocèse à Arlon et à Namur ainsi que sur leur site web.
Hors des récifs. Poèmes vers l’évangile
Jean-Paul LAURENT, Hors des récits. Poèmes vers l’Évangile, illustrations de Thérèse Gabriel, 2025, 85p.

Le récent recueil du père jésuite Jean-Paul Laurent, membre de l'équipe de la chapelle universitaire Notre-Dame de la Paix à Namur rassemble 48 poèmes qui sont autant de chemins vers Dieu. Accompagnés par vingt peintures de Thérèse Gabriel, ces textes parlent tous de la résurrection et évoquent les intempéries de la vie. Les petites pluies comme les grosses averses qui font couler des larmes, qui cravachent le cœur et qui parfois font trembler l'humanité. Les poèmes traversent ces mauvais temps. Ils contrarient les vents mauvais. Pour les quitter et voir venir éclaircies et embellies. Hors des récifs de la mort et dans la lumière de Pâques. Car chaque poème est inspiré par la lecture d'une page d'évangile indiquée au bas de celui-ci pour en dévoiler la Bonne Nouvelle dont le poème est porteur. Chacun peut se laisser interroger, confronter le texte poétique au texte évangélique et relire le poème afin de découvrir de nouvelles significations. Par le jeu des lignes et des couleurs, les tableaux rassemblés viennent amplifier le pouvoir évocateur des textes. (feuille du mois de mai de la paroisse Saint-Jean-Baptiste & Saint-Loup).
Communion, fusion, confusion. Les abus d’adultes dans l’Église et ailleurs
Gaëlle FIASSE, Communion, fusion, confusion. Les abus d’adultes dans l’Église et ailleurs, Mediapaul, Montréal/Paris, 2025, 220 p

Jour après jour, de nombreux scandales liés à des abus sexuels sont révélés par les médias. Un véritable raz-de-marée emporte dans son sillage de nombreuses idoles. Des figures qui ont pu paraître des modèles de spiritualité sont retirées de leur piédestal. Il faut faire reconnaître des repères dont on a cru pouvoir se passer, renommer correctement des fondamentaux de la relation humaine. Cela concerne bien des milieux. Le focus mis sur l’Église n’empêche pas de voir ce phénomène aussi dans l’enseignement, la culture, le sport. Comment l’accompagnement spirituel peut-il être vicié jusqu’à se montrer profondément corrompu, comment l’exaltation d’une douteuse amitié spirituelle peut-elle se faire domination perverse ? L’auteur a voulu, plus que mener l’enquête, éclairer ce qui conduit à l’emprise sur les adultes. Alors que des milieux, notamment ecclésiaux, sont affectés par des scandales, peut naître une conviction : analyser les cas où il y a dérapage et perversion peut éclairer quand il s’agit de jalonner une relation d’accompagnement qui aidera la personne à être elle-même, à grandir dans une authentique liberté.
La grâce politique du monastère
Timothée de RAUGLAUDRE, La grâce politique du monastère. Une utopie pour notre temps, Seuil, 315 p.

Les moines, eux qui ont choisi de se tenir hors du monde, pourraient bien, par leur style d’existence, inspirer un monde qui a le mal de vivre. Sans imposer un modèle, l’auteur nous met en contact avec une source de sagesse et avec un mode alternatif de vie qui pourrait se montrer fécond pour envisager l’avenir. La vie au monastère est une utopie pratiquée et elle est comme une fenêtre sur le Royaume de Dieu. Si on pense aux crises que le monde traverse, ce qu’on aurait cru voué à la contemplation peut se montrer aussi un lieu de résistance où se conjuguent nécessairement paix et justice. Il est inspirant pour un mode militant qui, dans le monde, devient souvent prisonnier d’un esprit activiste, traduisant qu’une rationalité instrumentale s’y est imposée au détriment du soin des personnes. Ce n’est là qu’un enseignement des monastères, mais ce n’est pas le moindre de l’ouvrage de Timothée de Rauglaudre. Les sujets abordés sont primordiaux pour dessiner le monde de demain : les biens mis en commun, participer au pouvoir délibératif, la sobriété écologique ou l’importance du travail quand on peut le penser indépendamment d’un impératif de productivité. L’hospitalité inconditionnelle offerte par les communautés monastiques lance aussi une question à des individus qui n’entendent pas assez une disponibilité à accueillir que la situation géopolitique actuelle pourrait exiger.
Choisir. Deux visions de l’Humanité
Hervé PONSOT, Choisir. Deux visions de l’Humanité, Cerf, Paris, 2025.

On découvre vite en feuilletant cet ouvrage pourquoi le verbe « choisir » en fait le titre. Des thèmes, des questions importantes de la vie font comparer deux visions, deux approches : l’anthropologie chrétienne, d’une part, une anthropologie technocratique, mondaine, d’autre part. Comment les uns et les autres vont-ils alors choisir ? La vision chrétienne s’appuie sur la Bible. L’auteur en montre la pertinence, son importance pour sonder ce qui est vital dans les relations qui nous font exister. Elle permet aussi de résister, de faire la critique des illusions et des lacunes de l’autre vision qui attire par une prétention de liberté, qui ouvre des espoirs par la puissance d’une certaine efficacité. On comprend que des choix construisent la vie. Cela peut se répercuter en allant vers l’individualisme, une civilisation numérique où l’émotion et l’image font disparaître l’importance d’une vérité. L’autre voie conduit vers la communion où la charité est ouverture à l’autre quel qu’il soit. Au moment de choisir, ce livre pourra accompagner celui qui veut sonder ce qu’il désire au plus profond de lui-même et la liberté devant les chemins qu’il s’apprête à emprunter.
Nicée 1700 ans d’histoire
Claire REGGIO, Nicée 1700 ans d’histoire, Cerf, Paris, 2025, 173 p.

On peut lire l’histoire du Concile dans de nombreux livres qui y furent consacrés. On peut aussi revenir aux documents qui furent rédigés lors de cette assemblée ou juste après. L’auteur replonge dans le projet de résoudre une crise (la crise arienne) et dans l’événement de ce concile pour saisir le rôle clé de Constantin tel que le relate notamment Eusèbe de Césarée dans la vie de Constantin. On constate tout l’engouement que Nicée représenta aux niveaux politique, intellectuel, spirituel et bien sûr ses acquis pour l’Église. On y voit apparaître un souci de l’orthodoxie à une époque où le sens de ce mot inaugure une manière de faire consensus sur ce que signifie être chrétien. C’est la première fois qu’un concile se saisit d’une question de foi pour qu’en résulte un credo, l’expression écrite d’une révélation qui se transmettait alors davantage par l’annonce du kérygme et par la prédication. C’était aussi la traduction d’une expérience de l’union des âmes à l’écoute de l’Esprit.
Aimer comme Dieu aime
Emmanuel TOURPE, Aimer comme Dieu aime, Salvator, (Série « Les vertus »), Paris, 2025, 157 p.

Les éditions Salvator nous invitent à cheminer parmi les vertus et parmi les dons du Saint-Esprit. Ce ne peut être que bénéfique pour ne pas dire salutaire. Aborder la charité, c’est faire honneur à un essentiel qui semble trop vite bien connu. Ne faudrait-il pas mettre la Trinité au cœur de l’amour pour redire vraiment que Dieu est amour. C’est là comprendre comment la première des vertus théologales fait voir Dieu dans l’amour qui se vit parmi les chrétiens. Cela fait comprendre autrement la communion des saints puisque c’est là l’essence de l’Église, comme le filon du credo trop souvent timidement évoqué par les chrétiens. La place de l’Eucharistie, sacrement évoqué par le mot « communion » s’invite aussi dans cette méditation. Emmanuel Tourpe insiste sur ce qu’il convient de redécouvrir dans le sens profond de l’amour entre chrétiens, à la manière dont Lumen Gentium évoque la vocation profonde de l’Église quand la charité mutuelle et la louange de la très Sainte Trinité nous font communier les uns aux autres, pour ne faire qu’une seule famille dans le Christ.
Alice au pays des idées. Comment vivre ?
Roger POL-DROIT, Alice au pays des Idées. Comment vivre ? Un lumineux roman pour découvrir la philosophie, Albin Michel, Paris, 2025, 448 p.

À mi-chemin entre Alice au pays des merveilles et Le Monde de Sophie, ce récit nous embarque dans un voyage captivant à travers les époques, de l’Antiquité à nos jours. Guidée par une jeune fille en quête de sens, l’histoire explore le pays des idées, entre crise climatique et questionnements existentiels. Alice est accompagnée de compagnons singuliers : une souris folle et une souris sage, un kangourou érudit et la fée Objection, qui éveille son esprit critique. Elle dialogue avec des figures majeures de la pensée, de Socrate à Confucius, des Hébreux à Rousseau et Voltaire, en passant par Hypatie et Louise Dupin, jusqu’aux courants contemporains. Chaque rencontre éclaire un moment clé de l’histoire des idées. Le dénouement, aussi inattendu que subtil, offre une réponse nuancée à la question : Comment vivre ? Composé de chapitres courts et rythmés, ce livre accessible et stimulant se lit avec plaisir et mérite d’être partagé largement. Véronique Soblet
La vie meilleure
Etienne KERN, La vie meilleure, Gallimard, Paris, 2025, 187 p.

Ce n’est pas l’exposé de la méthode Coué, la maîtrise de soi par l’autosuggestion consciente. C’est l’histoire d’une personne, son inventeur, le pharmacien Émile Coué. Dans un roman au style toujours vivant, l’auteur nous rend sympathique celui qui a voulu aider, soigner, guérir. Émile Coué comptait sur le pouvoir de l’imagination. Et sans doute, l’inconscient s’en mêlait. D’autres utilisaient l’hypnose mais sa méthode était plus ordinaire. Si la méthode Coué comme telle n’est pratiquement plus employée, si certaines situations font sourire de l’autosuggestion, il reste à retenir quelque chose d’une attitude qui veut voir le positif et la confiance en la vie. Dans une situation personnelle douloureuse, l’attitude de Coué dans une chapelle fait dire qu’il ne croyait pas aux miracles. Mais à ceux qui imaginent toujours le pire, il donne l’idée d’imaginer le meilleur. Au moins s’y essayer.
Vivre avec nos fragilités. Chemin de guérison intérieure
Diego ARFUCH, Vivre avec nos fragilités. Chemin de guérison intérieure, Nouvelle Cité, Paris, 2024, 128 p.

Accompagner sur le chemin du pardon et de l'acceptation de sa propre vie, tel est l'objectif de ce petit livre au langage méditatif. La vie n’est pas ce que nous attendions ? Ces réflexions simples et directes, ancrées dans l'expérience concrète, touchent à des réalités fondamentales de notre vie et de notre foi chrétienne. De manière simple et directe, l’auteur propose quelques voies pour accepter les faiblesses. Vivre avec elles et non malgré elles. C’est le paradoxe de la faiblesse de l’homme et de la force que Dieu accorde pour que plus on s’ouvre à sa miséricorde, plus on expérimente sa force. les fragilités sont un lieu théologique : Dieu nous y parle.
Vallée du silicium
Alain DAMASIO, Vallée du silicium, Seuil, Paris, 2024, 336 p.

Auteur de science-fiction, Damasio se dit mythopoète. À travers ce genre, il cherche à offrir des récits pour se réapproprier notre humanité. Mais que signifie encore l’humanité, son incarnation, quand les outils numériques la transforment en profondeur, souvent à notre insu ? Il enquête auprès des figures de la Silicon Valley, qu’il appelle des mythocrates. Leur récit promet une évasion de la condition humaine, tout en instaurant l’addiction et la dépendance à des interfaces toujours plus personnalisées. Quand votre lien au monde devient un robot conversationnel qui vous connaît mieux que quiconque, c’est l’altérité elle-même qui risque de disparaître. Que devient le monde avec des hommes ainsi reformatés ? À ceux qui n’ont pas encore perçu l’ampleur du bouleversement, voici une alerte : restons vigilants pour ne pas céder à la tentation du transhumain, et préserver ce qui fait notre pleine humanité