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Dans la revue diocésaine Communications, l’abbé Bruno Robberechts, doyen de Leuze, propose chaque mois une sélection de quelques livres sortis récemment. Vous trouverez ci-dessous les dernières recensions publiées… Les livres présentés dans cette rubrique sont en vente dans les deux librairies CDD du diocèse à Arlon et à Namur ainsi que sur leur site web.
Le message écologique des Écritures Saintes
Michel RAQUET, Le message écologique des Écritures Saintes, préface d’Alexis Jenni, éditions onTau, Paris, 2023, 183 p.

Les textes bibliques qui donnent une place préférentielle à l’homme continuent encore à faire soupçonner le christianisme. Serait-il cause d’une attitude de l’homme souvent irrespectueuse envers la nature ? On pourrait penser à certains écologistes qui parlent moins de nature que de Création : leur vie témoigne d’une relation profonde et vitale au Créateur où la destruction de l’environnement est tout autant un blasphème qu’une catastrophe. La Bible n’est pas un règlement où nous sera dictée une ligne de conduite mais elle restera une source pour des attitudes plus justes parce qu’il faudra toujours lire comment Dieu s’adresse à nous, comment les mots qu’il nous adresse depuis toujours font chercher la paix, y compris avec tout ce qui nous entoure. En puisant à cette source qu’est la Parole de Dieu, Raquet formule 33 propositions pour éclairer le chrétien dans son rapport à la Création.
Les femmes au secours de l’Église
Sylviane GUILLAUMONT JEANNENEY, Les femmes au secours de l’Église, préface d’Anne-Marie Pelletier, Editions Jésuites, Bruxelles, 2023, 159 p.

Le discours dans l’Église est trop masculin ou plutôt il manque d’une reconnaissance de ce que les femmes peuvent y faire entendre. L’attitude évangélique de quelques femmes auprès de Jésus, modèles d’une attitude d’écoute, fait sens dans un débat actuel trop vite arbitré par des mécanismes de pouvoir. Les crises qui affectent l’Église, en particulier le scandale des violences sexuelles et des abus de pouvoir, invitent l’auteure à formuler des propositions qui lancent un débat par rapport à des attitudes traditionnelles reposant sur une conception de l’Église, de son gouvernement et du sacrement de l’ordre. La réalité humaine y montre des dérives scandaleuses où le sens de l’Église est contredit. C’est comme un remède à cela que le livre plaide pour une ouverture au mariage des prêtres et argumente pour des ministères féminins. Sur le premier point, on se demandera jusqu’à quel point le mariage des prêtres est vraiment le remède. En balance, une réforme qui touche des points encore sensibles au sein de l’Église ou la possibilité d’une réelle conversion, et ce que cela coûte. Il est vrai que la question théologique d’une Église vraiment en mission demande des réajustements : la synodalité fait voir les efforts nécessaires pour que tous et toutes y soient acteurs.
Épistémologie, érotique et deuil, traduction et préface de Pierre Antoine Fabre
Alfonso MENDOLIA, Michel de Certeau. Epistémologie, érotique et deuil, traduction et préface de Pierre Antoine Fabre, Lessius, Bruxelles, 2023, 205 p.

L’ouvrage veut rendre un hommage fraternel à Michel de Certeau en même temps que décrire sa trajectoire spirituelle et intellectuelle. Celle-ci sera suivie à travers quelques-uns des multiples articles rédigés par de Certeau dans des disciplines diverses. Il a perçu combien il était pertinent de saisir le christianisme dans ce qu’on en vit. Pour lui, il y a une vérité du christianisme à saisir dans chaque époque ; à considérer les années 1960, il y avait un apport à chercher en affrontant les problèmes rencontrés par les laïcs. Après trois chapitres qui décrivent la formation de Michel de Certeau, les chapitres suivants évoquent trois ouvrages qui montrent bien la pensée de Certeau : l’Écriture de l’histoire, l’Invention du Quotidien, la Fable Mystique. Ils permettent de saisir comment Certeau a tenté d’articuler histoire et pensée chrétienne. Est mise en évidence sa vision d’historien qui voulait saisir les événements quand bien même l’Église semblait, à ses yeux, craindre l’histoire.
La Bible hier, aujourd’hui et demain
Albert GUIGUI, La Bible hier, aujourd’hui et demain, Racine, Bruxelles, 2022, 309 p.

Le texte biblique est ancien, mais il suffit de s’y frotter ou de « le frotter » pour découvrir combien il peut encore éclairer des questions actuelles. Ces pages du grand Rabbin de Bruxelles, Albert Guigui, veulent décrypter le message biblique à la lumière des événements actuels. En parcourant les livres du Pentateuque, on fait valoir combien Dieu stimule ceux qui l’écoutent à la liberté et à la sagesse, à l’engagement et à l’attention à la vie. La Parole de Dieu interpelle, toujours personnellement, et on découvre combien elle peut contrer certaines tendances qui minent la vie de l’homme moderne dans un bain d’individualisme et de relativisme. Il ressort entre autres une prise de conscience d’une égalité fondamentale des personnes, qui répond à la question du handicap et une invitation à prêter attention à la Création dans une attitude qui est attentive à la diversité des êtres vivants. Un exemple stimulant qui vient du judaïsme et qui dit la nécessité d’un réveil spirituel pour que la fidélité au Seigneur se traduise dans des attitudes qui soignent les relations avec autrui et avec tout ce qui est.
À vrai dire. Une conversation avec Paul François Paoli
Jean-Luc MARION, A vrai dire. Une conversation avec Paul François Paoli, Cerf, Paris, 2021, 218 p.

À vrai dire. Une conversation avec Paul François Paoli Ces entretiens avec le philosophe Jean-Luc Marion permettent de rencontrer un personnage dont la pensée rebondit, pour toujours garder de quoi donner un avis éclairé et circonstancié. Par ses propos, Marion se situe par rapport à de nombreux penseurs et il se positionne aussi en s’affirmant catholique. En même temps qu’entrer dans une carrière académique, Marion s’investira dans la revue Communio, sous l’impulsion de Balthasar, revue qui avait pour vocation de susciter un vaste mouvement de réflexion théologique, avec l’intention d’intégrer des jeunes et des laïcs et faire communiquer des groupes de réflexions. L’histoire continue et même s’il est convainquant pour montrer la pertinence d’une pensée chrétienne, Marion doit aussi s’expliquer sur ce que l’Église peut encore dire ou représenter dans les crises qu’elle traverse. Marion est lucide pour mettre en garde contre ce qui ferait perdre son âme à l’Église. Alors que la théologie, parce qu’elle vient du Très Haut, peut faire viser très haut.
Eve, La première femme
Cristina SIMONELLI, Eve, La première femme, Une histoire, mille récits, Salvator, traduit de l’italien par Gabriel Raphaël Veyret, Paris, 2022, 179 p.

De qui parle-t-on quand on évoque Eve ? La mère des vivants ? Celle qui n’a pas résisté au tentateur et s’est trouvée, avec Adam, hors du paradis ? Si on relit pour chercher ce que le personnage d’Eve peut encore nous dire, on trouvera qu’elle est un et en même temps mille visages. Elle incarne la possibilité de la différenciation (et par là de la richesse de l’humanité) mais se cache aussi derrière elle une figure féminine primordiale. Les interprétations chrétiennes lui feront ouvrir un sillage où l’on retrouve la Vierge Marie. Les attitudes spirituelles de la figure d’Eve se trouvent sur un large éventail de sens. Ce livre se présente comme un itinéraire à travers des pièces, à travers des salles où l’on pourrait rencontrer ce que l’histoire de l’interprétation des récits des origines a fait d’Eve. Jusqu’à éclairer encore la condition de la femme, les rapports masculin/féminin, la maternité ou alimenter une réflexion sur la transgression. Les sources ne manquent pas pour faire encore parler d’Eve.
La réponse de la foi
Hans URS VON BALTHASAR, La réponse de la foi, Editions Johannes Verlag, Fribourg, Association Saint Jean, Paris, 2022, 235 p.

Théologien réputé difficile, Hans Urs von Balthasar a aussi été aumônier d’étudiants et accompagnateur de jeunes auxquels il donnait les Exercices. Les écrits repris dans ce petit ouvrage leur étaient destinés. Mais on constatera combien ils peuvent rejoindre un public bien plus large. Différents thèmes sont abordés sur la diversité des religions et le rapport entre la foi privée et le caractère public de l’Église, sur la prière, sur l’Eucharistie, sur le don de soi, sur la question que pose la souffrance. Soutenus par une forte vie spirituelle, les propos de Balthasar constituent des réponses qui se veulent simples tout en ne manquant pas de profondeur à des questions existentielles importantes sur la religion : c’est l’homme de foi qu’était Balthasar qu’on découvre à travers les pistes données.
Le Dieu qui ne compte pas. À l’écoute des humiliés et des boiteux.
Etienne GRIEU, Le Dieu qui ne compte pas. À l’écoute des humiliés et des boiteux, Salvator, Paris, 2023, 206 p.

On a parfois réduit Dieu à un instrument au service des appétits de grandeur. Aux antipodes d’un Dieu qui donnerait la force dans une société du calcul et de la compétition, le Dieu de la Bible s’adresse à la création pour établir avec elle une relation où l’un est appelé par l’autre et peut lui faire réponse de tout son être. L’appel à entrer dans le lien vivifiant de l’alliance est sans mesure, sans calcul et sans autre « pourquoi » que « parce que c’est toi ». Le grand rendez-vous spirituel et religieux de notre temps est avec le Dieu qui ne compte pas. Il n’a pas renoncé pour autant à ne plus être Dieu. Sa puissance continue à donner vie mais autrement. Il est toujours question du salut, par un jeu relationnel qui passe par ceux qui ne comptent pas. C’est bien avec eux que nous sommes sauvés et nous ne le serons pas sans eux. De quoi renouveler le regard sur l’Église. L’annonce de la Bonne Nouvelle aux pauvres et aux humiliés – à ceux qui ne comptent pas – est au cœur de sa mission. Ce parcours fait écouter Dieu, dans sa Parole et en différents témoins, pour s’ouvrir à l’inouï de l’Évangile.
Lumières du Shabbat. Shabbat de lumière
Anne-Catherine AVRIL, Lumières du Shabbat. Shabbat de lumière, Lessius, (L’autre et les autres), Bruxelles, 2023, 181 p.

Anne-Catherine Avril est religieuse de Notre-Dame de Sion et a passé cinquante ans en Israël. Théologienne, son travail de recherche s’est nourri fortement de la manière juive d’étudier et de transmettre. Le shabbat est en même temps une pierre de fondation, une racine pour une manière de vivre, la mémoire d’une alliance où Dieu est fidèle et puis, il tend vers un achèvement, il est indice d’un monde qui vient. Si le shabbat n’est pas assimilable au jour du Seigneur, le dimanche, chercher le sens du shabbat montre là aussi tout un terreau qui nourrit la méditation : on célèbre la résurrection un jour inscrit dans un triduum dont il convient de redire la signification. Une contribution de Didier Luciani montre ainsi les éléments d’identification des traditions qui touchent cette question du Shabbat alors que se présentent pour l’étudier différentes postures comme la rupture, la continuité ou l’accomplissement. Les pages de ce recueil d’essais démontrent l’amour de l’auteure pour les deux religions juive et chrétienne et son désir de montrer leur parenté.
J’ai très tôt été convaincu… Repères d’une théologie existentielle
Gustave MARTELET, J’ai très tôt été convaincu… Repères d’une théologie existentielle, préface de Michel Fédou, textes choisis, ordonnés et introduits par Gérard de Lavernée, Editions Jésuites, Bruxelles, 2023, 333 p.

On peut évoquer une pensée en racontant qui en était l’auteur, comment des thèmes s’y articulaient. Ici, Gérard de Lavernée, proche du Père Martelet pendant une quarantaine d’années, et qui a souvent contribué à la finalisation de ses ouvrages, donne la Parole à ce théologien qui se voulait témoin du Christ et de son message. Martelet s’est donné pour tâche de scruter les écritures dans le respect de leur littéralité et d’y puiser des réponses spirituelles aux requêtes les plus existentielles de l’homme contemporain. Jésuite, il était proche d’un Teilhard de Chardin, dans une réceptivité totale devant la grandeur de l’homme et la beauté du monde, fort d’un travail intellectuel qui n’émoussait pas sa capacité d’émerveillement. On le connaît aussi pour son travail dans la mouvance de Vatican II, où se montrait toute l’importance qu’il accordait à articuler foi et culture, à penser le monde d’aujourd’hui à la lumière de la foi. Cet ouvrage offre un parcours soigneusement tracé parmi les textes de Martelet. On y rencontre la conviction profonde du Père Martelet : se laisser guider par le Christ, c’est trouver la boussole même pour un monde où pas mal de repères ont été balayés.