Dans la revue diocésaine Communications, l’abbé Bruno Robberechts, doyen de Leuze, propose chaque mois une sélection de quelques livres sortis récemment. Vous trouverez ci-dessous les dernières recensions publiées… Les livres présentés dans cette rubrique sont en vente dans les deux librairies CDD du diocèse à Arlon et à Namur ainsi que sur leur site web.

Pourquoi la démocratie a besoin de la religion

Hartmund ROSA, Pourquoi la démocratie a besoin de la religion. À propos d’une relation de résonance singulière, préface de Charles Taylor, texte prononcé à la conférence diocésaine de Würzburg en 2022, La Découverte, Paris, 2024, 80 p

Pourquoi la démocratie a besoin de la religion

Rosa, sociologue, souligne les difficultés actuelles à établir de véritables relations dans un monde qui s'accélère. Le concept de résonance, qui nécessite attention et disponibilité, devient difficile à atteindre. Le progrès, autrefois moteur, est incertain, et un changement de posture est nécessaire pour envisager un avenir meilleur. Rosa explore comment la religion, en décalage avec la logique de croissance, favorise cette résonance, vécue comme communion. Il montre ainsi que la foi, loin d'être dépassée, peut renouveler la démocratie.

Foi de jeunes

Inès VIGNON et Suzanne NOURRY (coordination), Foi de jeunes, préface de sr Nathalie Becquart, postface de sr Anne-Flore Magnan, Editions Jésuites, Bruxelles, 2024, 105 p

Foi de jeunes

24 jeunes livrent leur témoignage d’une expérience de Dieu chaque fois unique. Cet aspect toujours particulier de la rencontre de Dieu se montre à travers la diversité des images utilisées pour en parler. Ainsi la foi est comparée tantôt à une plante, à une paire de baskets, à une éolienne, à un diapason, … Ce qu’il y a de proprement indicible dans l’expérience de la présence de Dieu, on le rejoint par les images, un peu comme les paraboles de Jésus ; des images diversifiées sont comme autant de chemins spirituels qui peuvent enrichir le lecteur qui n’aurait pu que bien pauvrement se les imaginer. La lecture de ce livre peut se faire comme une conversation dans l’Esprit, une manière de marcher avec ces jeunes pour retracer, avec eux, des esquisses de ce que sera l’Église de demain.

Théologie de l’espérance

Emmanuel DURAND, Théologie de l’espérance, CERF, Paris, 2024, 203 p.

Théologie de l’espérance

Il semble toujours possible de chercher à rendre compte de l’évolution du monde à travers les circonstances traversées. Quelque chose de l’homme qui résiste dans l’épreuve échappe à ce regard. Le croyant, le regard aiguisé par la charité, peut reconnaître la marque de l’Esprit dans la traversée des difficultés. À une époque de crise, on ne croit plus guère que le progrès puisse faire aller vers un monde meilleur, il est temps de redécouvrir l’espérance, de voir comment elle se vit pour voir s’ouvrir un horizon parce que le Seigneur tient promesse. Cela demande de s’ouvrir à plus que le domaine de ce que l’homme prétendrait entreprendre et maîtriser seul. Quand la tendance est à ne plus voir d’issue, repenser les mystères chrétiens à l’aune de l’espérance dévoile une vigueur ; celle de se tourner résolument vers la possibilité du bien. Ce livre ouvre donc à la richesse de la théologie quand elle dévoile, par l’espérance, ce que la présence de Dieu rend possible.

Libérez l’évangile

Jean ROUET, Libérez l’évangile, préface de Mgr Albert Rouet, Éditions Jésuites, Bruxelles, 2024, 105 p.

Libérez l’évangile

L’Évangile est fort d’un dynamisme de libération. S’il faut le libérer, c’est que des décalages se sont installés là où l’Évangile était censé agir. La pratique religieuse moralisatrice n’a pas laissé beaucoup de place à une résonance existentielle et vraiment spirituelle. L’effacement de la dimension chrétienne de la vie publique, et pas mal de remarques sur l’Église et sur le clergé, montrent aussi que l’Évangile est comme étranglé, que la source de l’Évangile n’est pas exploitée. Ces constats mènent à penser une réforme fondamentale. Repartant de la mission confiée à tous, l’auteur, membre de l’Institut du Cœur de Jésus, invite tous les baptisés à vivre leur mission dans le Christ et d’amener au Christ. Le chemin n’est pas facile et il faut saisir qu’on ne peut rêver, qu’il y a une vitalité à restaurer, qu’il faut reconnaître ce qui peut piéger. Le Christ nous libère et le pardon qu’il propose, qui peut être reçu sacramentellement, est un chemin de liberté à redécouvrir.

Paysan de Dieu

Frère François CASSINGENA-TREVEDY, Paysan de Dieu, Albin Michel, Paris, 2024, 235 p

Paysan de Dieu

Ces pages nous emmènent sur les plateaux du Cantal pour découvrir la vie d'un moine bénédictin, alliant soin des vaches, prière et célébration divine. Certains y verraient un exil dans un monde archaïque, mais cette simplicité révèle une sagesse profonde, en contraste avec les illusions de la modernité. Son journal, rythmé par l’année liturgique et les saisons, témoigne d’un équilibre entre tâches concrètes et prière. Ce récit est une évasion spirituelle où la beauté d’une vie rude se révèle pleinement en présence du Seigneur.

La vie au miroir de l’année liturgique

La vie au miroir de l’année liturgique, Mame, « Célébrer », 2024, 116 p

La vie au miroir de l’année liturgique

Le 10e Cahier « Célébrer » offre une approche mystagogique et existentielle de l’année liturgique, renouvelant ce sujet classique et proposant une initiation aux célébrations annuelles du salut. Parmi les articles, on trouve des titres comme: « Entrer dans l’année liturgique » (B. Maitte), « Le temps de l’Avent » (Ch. Salenson), « Le temps de Dieu, le temps de l’homme » (B. Maitte), et « L’annonce de Pâques » (S. Kerrien). Ces réflexions nourrissent la prière personnelle et l’agir pastoral, servant à la prédication, aux réunions liturgiques, à la catéchèse, et à la préparation des temps forts.

Le christianisme au défi des nouvelles spiritualités

Adrien BOUHOURS, Le christianisme au défi des nouvelles spiritualités, Artège, Paris, 2024, 237 p

Le christianisme au défi des nouvelles spiritualités

Cet essai nous invite à des constats sur notre époque, la place de la religion et une certaine aura des spiritualités. Le moindre attrait des Églises traditionnelles ne signifie pas forcément l'athéisme, pas même sa version pratique qui serait de faire comme si Dieu n'existait pas. Après le théocentrisme médiéval et l'humanisme qui lui a fait ombre, est venu l'individualisme. Le temps est à regarder les attraits que des spiritualités présentent à l'individu. L'histoire permet de préciser aussi la part souvent masquée de l'ésotérisme et Bouhours a bien étudié le sujet. Il y aurait une philosophia perennis, une sagesse primordiale : elle compterait plus que les chemins pour s'y brancher. Il ne manque pas de maîtres offrant en résumé ce qui peut s'offrir quand les voies de la sagesse se rencontrent. Mais on devine le risque de pratiques déconnectées de leur culture originelle pour une attitude syncrétique qui laisse perplexe. Il ne s'agit bien sûr pas de juger des personnes. Mais de mieux découvrir les pièges qui se cachent quand séduit la nouvelle spiritualité. Se laisser éclairer par les richesses vite oubliées du christianisme permet de dissiper les mirages de la religion nouvelle.

100 éclats de lumière. Commentaires de la Règle de Saint Benoît

Dom Nicolas DAYEZ, 100 éclats de lumière. Commentaires de la Règle de Saint Benoît, Editions Saint Léger, 2024, 149 p.

100 éclats de lumière. Commentaires de la Règle de Saint Benoît

Septième abbé de Maredsous, décédé en 2021, Nicolas Dayez nous parle ici comme à des amis à qui il partage la sagesse d'une règle qu'il a goûtée. Ces méditations seront autant de conseils qui enrichiront la vie bien au-delà des murs des monastères. C'est un trésor qui s'ouvre quand un coeur se découvre sous le regard de Dieu, quand la lecture de l'Ecriture devient comme le miroir où se mire notre relation à Dieu, quand derrière les réactions devant un mot comme obéissance, se profile l'horizon d'une relation plus profonde nourrie d'une écoute humble et priante. Un regard plein de lucidité sur le monde d'aujourd'hui vient souvent teinter les recommandations qui en sont d'autant plus une invitation à la sagesse à laquelle exerce la vie en communauté. S'y déploient alors des vertus monastiques dont un tel commentaire nous invite à accueillir la valeur inspiratrice.

Le pasteur et l’évêque. Lettres pour faire tomber les murs

Samuel AMEDRO et Jean-Paul VESCO, Le pasteur et l'évêque. Lettres pour faire tomber les murs, Labor et Fides, Genève, 2023, 127 p

Le pasteur et l’évêque. Lettres pour faire tomber les murs

Il faut mourir pour vivre. Les échanges entre ces deux responsables d'Eglise, forts d'une expérience où leur plus grande force est leur attachement au Christ, demandent d'assumer la fragilité. Parce qu'une position de minorité, mieux que la meilleure place, demande de revenir à la source pour rester d'authentiques témoins. Devant la sécularisation, le christianisme peut reconnaître une maladie de la religion mais d'une religion forte qui risquait de se vider de sa sève. Entre Monseigneur Vesco, archevêque d'Alger et Samuel Amédro, pasteur responsable de la région parisienne après avoir vécu son ministère au Maroc, il y a une même insistance sur la disponibilité aux questions vitales. Elle suppose l'ouverture à la diversité, sans esprit de concurrence, mais qui fait accueillir des autres une part de vérité qui nous échappe. De ces lettres échangées entre responsables, il ressort que le chrétien en mission doit se rappeler que Dieu est à l'œuvre, pour mieux partager cette expérience du Royaume qui s'approche.

Le devoir d’espérance. Faire face à la crise spirituelle

Yann BOSSIERE, Le devoir d'espérance. Faire face à la crise spirituelle, Desclée de Brouwer, Paris, 2024, 193 p

Le devoir d’espérance. Faire face à la crise spirituelle

Les hommes ont longtemps cru grandir dans la maîtrise du monde. Les problèmes ne manquant pas de remettre cela en question, il n'a pas de compétence pour mesurer et diagnostiquer les crises. Bossière, rabbin secrétaire générale de l'institut des hautes études du monde religieux, relit une crise plus fondamentale, une crise spirituelle qui est comme la matrice de toutes les autres. Elle concerne notre posture à l'égard du monde et notre prétention à tout comprendre. Mais l'individu que la modernité semblait ainsi promouvoir se décompose. La première partie de l'ouvrage décrit cette rupture anthropologique cernée à travers une "déconviction" qui voisine une hubris mentale, une folle prétention de contrôle du réel. Les pièges de la révolution numérique sont aussi repérés avec pertinence. Après un approfondissement de ce qu'il faut entendre par spirituel, la crise profonde en sera mieux décrite, montrant comment l'activité mentale peut masquer et désamorcer l'intériorité. Dans une troisième partie, cinq respirations puisant à la Bible et à son interprétation dans la tradition juive se proposeront jusqu'à proposer de se réconcilier avec la vie.

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