Dans la revue diocésaine Communications, l’abbé Bruno Robberechts, doyen de Leuze, propose chaque mois une sélection de quelques livres sortis récemment. Vous trouverez ci-dessous les dernières recensions publiées… Les livres présentés dans cette rubrique sont en vente dans les deux librairies CDD du diocèse à Arlon et à Namur ainsi que sur leur site web.

Il renverse les puissants. Portraits de chrétiens contestataires

Jean-Baptiste GHINS, Matthias PETEL, Timothée de RAUGLAUDRE, Il renverse les puissants. Portraits de chrétiens contestataires, Cerf, Paris, 2024, 270 p.

Il renverse les puissants. Portraits de chrétiens contestataires

À ne pas assez relever dans l’Évangile l'appel à la liberté, on pourrait le ranger comme un discours que les tyrans utilisent à leur profit. Serait-il plutôt invitation à la révolution, pensant ici aux positions de gauche qui demandent des changements structurels plutôt qu’une conversion individuelle qui ne change pas les données sociales ? Les personnalités que ce livre donne à découvrir permettent de dépasser cette opposition entre pacifisme avec les risques d’injustice qu’on laisse s’installer et l’insurrection qu’on voit comme un mal si c’est la haine qui vient en donner la force. Ce qui rend les figures évoquées exemplaires, c’est la cohérence qui fait naître une action politique incarnée. Des personnes comme Mounier, Dorothy Day ou Simone Weil ont cherché à rendre cohérents des préceptes parfois contradictoires ? Si s’y montrent des limites, elles ressemblent aux nôtres quand nous nous essayons à penser et à agir avec l’Évangile dans le cœur et l’injustice du monde sous les yeux. Une remarque sur la compassion peut préserver les cœurs rendus aveugles par les idéaux.

Ce lieu que nous ne connaissons pas. À la recherche du Royaume.

Marie BALMARY, Ce lieu que nous ne connaissons pas. A la recherche du Royaume. Albin Michel, Paris, 2024, 184 p.

Ce lieu que nous ne connaissons pas. À la recherche du Royaume.

Ce livre est un parcours de lecture de l'Évangile et il met en appétit des fruits qui ont pu être récoltés au long de rencontres entre lecteurs de l’Évangile. Situer Marie Balmary, c’est bien sûr évoquer la psychanalyse mais aussi sa référence à des textes fondateurs comme la Genèse, ce qui lui a permis de rencontrer la tradition juive. Si les textes de l’Évangile nous donnent Jésus comme guide, c’est qu’il n’est pas selon l’image que nous nous en donnons parfois, relevant plutôt d’un moi-je qui nous demanderait de le suivre servilement. Il est bien celui qui fait de nous ses amis dans un travail de vérité qui nous situe par rapport à nous-mêmes, par rapport aux fausses images qui nous bloquent ou nous blessent, mais aussi avec un désir qui nous met en recherche. A travers des textes d’Évangile sont donnés des conseils pour mieux rencontrer ces textes, pour progresser vers le Royaume, vers le lieu où est partagée la joie que Jésus ouvre à ses amis. Balmary préserve le spirituel d’être un lieu où surtout savoir qui on est : elle l’ouvre à un engendrement dans un Nous qui renvoie au Royaume, là où est Dieu qui rend toute chose possible.

Quinze portraits philosophiques du Christ

Bernard POTTIER, Quinze portraits philosophiques du Christ, préface de Denis Moreau, Editions Jésuites, 2024, 225 p.

Quinze portraits philosophiques du Christ

La philosophie est loin d’en avoir terminé avec les interpellations que lui lance la figure du Christ. Le penseur contemporain, s’il parcourt les auteurs choisis par Bernard Pottier, représentatifs de différentes attitudes, de différentes positions, par rapport à la personne de Jésus, percevra les forces et les limites de différentes postures rationnelles. Car s’y déploient, avec bien sûr des styles d’approches que l’histoire de la philosophie moderne expliciterait, des relations différentes entre philosophie et théologie, allant d’une séparation marquée par un rejet à une absorption qui manque le sens de la complémentarité ou un respect mutuel qui fait percevoir la richesse des différences. L’histoire de la pensée, les contrastes entre les positions philosophiques, invitent à un parcours qui fait redécouvrir la richesse de la foi chrétienne et demande avec force que les jugements trop rapides ne gâchent pas les ressources intellectuelles qu’elle propose aux chercheurs de sens d’aujourd’hui. Répondant à la maxime « le style, c’est l’homme », Bernard Pottier a proposé un texte représentatif de chaque penseur présenté.

La saveur des récits évangéliques ou l’art de raconter

Jean-Noël ALETTI, La saveur des récits évangéliques ou l’art de raconter, Editions Jésuites, (Le livreL et le rouleau), Bruxelles, 2024, 261 p.

La saveur des récits évangéliques ou l’art de raconter

L’expression analyse narrative pourrait faire reculer le grand public et celui qui veut tout simplement goûter l’Écriture. Ce livre met à profit un travail méthodique sans que les aspects techniques ne rebutent le néophyte. Les analyses sont bien sûrs menées avec rigueur. On remarque l’importance de la présentation des personnages. Par rapport à des approches qui laissent entendre que le texte est le résultat d’un travail qui ferait reconnaître en lui des couches rédactionnelles, ici, on est mis devant l’intention d’un narrateur. On est attentif aussi à reconnaître exposée la situation qui, dans le récit, va donner lieu à l’intrigue. Tout l’art de raconter est ainsi mis en évidence pour montrer la finesse avec laquelle est saisi ce qui montre l’efficacité qui permettra une progression, un dénouement, par ce que Jésus fait ou dit, par tel ou tel un personnage mu par la foi. Et par là, on voit comment le texte supporte une intrigue de révélation. L’intérêt de l’approche narrative est aussi servi par le choix des 12 textes présentés pour évoquer Jésus, ses disciples, son enseignement, son action, sa passion et sa résurrection.

Évangiles de guérison

Bruno REGENT, Évangiles de guérison. Des chemins de foi, Éditions Jésuites, Bruxelles, 2024, 184 p.

Évangiles de guérison

Bruno Régent veille à faire des commentaires de l’Évangile qui nourrissent la vie spirituelle. Abordant des textes de guérison, il ne peut mettre au centre la figure d’un Jésus guérisseur, car il est plus que cela. Le lecteur est invité à se mettre à la place des personnages, souvent de celui pour qui une guérison va devenir possible. Et de se laisser entraîner plus loin. Car les récits de guérison montrent l’importance de la foi. Il n’y a pas qu’une demande de guérison et la manière dont concrètement elle est exaucée. Se savoir guéri n’est pas tout, parce que l’Esprit travaille à nous mettre dans une relation plus juste avec le Père. L’Évangile nous fait écouter des témoins qui disent comment s’est fait le travail intérieur qui les a ajustés dans leur recherche de Dieu. L’auteur nous invite ici à rencontrer le texte au-delà des idées que nous nous en serions faites, à vivre cette rencontre dans la prière, à nous laisser entraîner par l’Esprit qui fait de nous des témoins, parmi d’autres, dans notre recherche de Dieu.

Prier avec la Bible

Nikolaas SINTOBIN, Prier avec la Bible. À l’école de saint Ignace de Loyola. Éditions Jésuites, traduction française par Françoise Bouissou, Jean Hanotte et Nikolaas Sintobin, Bruxelles, 2024, 205 p.

Prier avec la Bible

Ce livre donne des conseils très pratiques et concrets à qui veut se lancer dans l’aventure de la prière et particulièrement, quand cette prière s’appuie sur la lecture de textes bibliques. Il reprend la méthode ignatienne pour approcher les textes. Mais avant cette rencontre qu’est la prière, il y a une attention toute particulière à s’y préparer, de même qu’il convient de soigner la conclusion, qu’elle soit laborieuse ou qu’elle offre encore des perles qui nourriront la vie spirituelle. Sintobin propose un bon nombre de récits bibliques, où l’on sera guidé pour ouvrir son cœur et son imagination. Le livre dépasse le style du guide qui donne une méthode, ou la liste des conseils et des suggestions. Il entraîne au cœur de ce que signifie prier, il indique comment la vie peut y gagner en liberté, dans l’attitude à faire confiance à Dieu pour qu’il fasse progresser, et à mieux rendre grâce pour notre alliance avec lui.

Par-delà les normes et les circonstances

Nathalie GUINAND, Par-delà les normes et les circonstances en Cie de Ray Charles, Éditions Le Livre en Papier, Nassogne, 2024, 158 p.

Par-delà les normes et les circonstances

On ne peut appréhender une personne comme Ray Charles par le e rythme de sa musique et par le rythme de sa musique et par le timbre de sa voix. On peut aussi être sensible aux rebondissements de sa vie, à la franchise et la liberté qui lui firent écrire sa propre histoire par-delà les normes et les qu’en dira-t-on. Ce n’est pas pour rien que ce récit de vie nous fait croiser le passage de l’évangile bien connu de la rencontre de Jésus avec Bartimée. Est resté gravé dans le cœur de Ray Charles, que la cécité n’a pas effrayé, de pouvoir s’adresser au Tout Puissant : « Si ça va pour Toi, aide-moi à comprendre ce qui m’arrive et donne-moi la force d’aller plus loin. » Sa vie montra une force et une audace qui lui permirent de faire son chemin même quand les circonstances étaient bouleversantes. Sa musique riche en improvisation fait penser à la manière dont, mieux que s’adapter, Ray Charles, a osé. Sa vie révèle que plutôt que de faire les choses par commodité, il a tenu à y mettre toute son âme.

Marie-Thérèse Soubiran

Geneviève PERRET, Marie-Thérèse Soubiran, Biographie, Editions Jésuites, Bruxelles, 2024, 333 p.

Marie-Thérèse Soubiran

Sœur Geneviève-Marie Perret est responsable des archives chez les Sœurs de Marie-Auxiliatrice. Elle ne manque pas de ressources pour décrire les difficultés et les rebondissements de la vie de la fondatrice de sa congrégation. Le récit de cette vie nous permet aussi de réaliser qu’elles étaient les défis de l’époque, à Castelnaudary où grandit Sophie, la future Sœur Marie-Thérèse, en se plongeant dans la société française du 19ème siècle et le milieu d’une famille très ancrée dans la foi chrétienne. L’histoire montre ce qui constitue la société avec ses classes : les bonnes familles chrétiennes, le clergé, les plus pauvres, avec aussi des mouvements spirituels comme les congrégations mariales pour les jeunes filles ou la fondation de béguinages. Ce contexte est important pour comprendre le parcours spirituel de Sœur Marie-Thérèse Soubiran. Il resitue aussi ce qu’elle entreprend à la lumière d’un discernement alimenté à la spiritualité ignatienne. La riche documentation de cette biographie permet de montrer la profondeur de ses interrogations et sa liberté intérieure dont elle a trouvé la source, Jésus-Christ, tôt dans sa jeunesse.

Judas, mon ami

Christoph WREMBEK, Judas, mon ami. Toi qui portes Judas sur tes épaules, porte moi, moi aussi, repris de deux ouvrages parus en allemand, Judas, der Freund Du, der du Judas trägst nach Hause, trage auch mich et (K)eine Chance für Judas. Wie barmherzig wir Gott denken dürfen, Verlag Neue Stadt, 2017 et 2022, Et traduction par Hubert de Zélicourt, Editions Jésuites, 2024, 162 p.

Judas, mon ami

Dans la nef de la Basilique de Vezelay peut être remarquée par des curieux qui lèvent la tête une représentation tout à fait singulière, sur un chapiteau : un sculpteur a représenté le bon berger qui porte le corps de Judas, qui venait de se pendre. Celui qui a orné ainsi la colonne d’un haut lieu spirituel nous laisse dans une méditation vertigineuse sur la miséricorde de Dieu. Il invite à sonder des mystères comme ceux de l’enfer et du salut. Ce livre fera reconnaître Christoph Wrembek comme un précieux guide qui nous conduit au cœur de la Bonne Nouvelle. Il offre à notre méditation le message du « Bon Pasteur de Vezelay ». Il nous fait revisiter l’évangile, en particulier là où il est question de pécheurs par donnés, pour que nous accueillions mieux la miséricorde de Dieu et la Bonne Nouvelle du salut qu’il nous offre.

Au creux du malheur, la lumière ?

Laure BLANCHON, Jean-Claude CAILLAUX, Christophe PICHON (dir.), Au creux du malheur, la lumière ? À l’écoute de ceux qui passent par le gouffre, Éditions Jésuites, (Théologies pratiques), Paris, 2024, 220 p.

Au creux du malheur, la lumière ?

Travailler en théologie avec des personnes en situation de grande précarité fut le projet d’un groupe au Centre Sèvres depuis l’année 2010. Un travail de réflexion se développa entre 2018 et 2022 après une première publication en 2017 (Qu’est-ce qui fait vivre quand tout s’écroule ?) Dans une ligne de pensée qu’ouvre le livre de Job peut se profiler une expérience de vérité quand les points d’appui habituels se sont écroulés, quand sont profondément bousculés les rapports à soi, aux autres et à Dieu. Si nous sommes habitués à un certain confort, à une certaine sécurité, il faudra donc entendre parler à partir de ce qui nous échappe et découvrir qu’au cœur de la vie, quand le malheur la dépouille, il y a une perle précieuse qui demeure : la foi. Apprendre de la faiblesse, de la pauvreté, suppose d’entendre le don de Dieu dont témoignent des personnes souvent tenues pour insignifiantes. Cela fait s’ouvrir à une ressource intérieure que révèlent contre toute apparence, des fragilisés.

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