Dans la revue diocésaine Communications, l’abbé Bruno Robberechts, doyen de Leuze, propose chaque mois une sélection de quelques livres sortis récemment. Vous trouverez ci-dessous les dernières recensions publiées… Les livres présentés dans cette rubrique sont en vente dans les deux librairies CDD du diocèse à Arlon et à Namur ainsi que sur leur site web.

À vrai dire. Une conversation avec Paul François Paoli

Jean-Luc MARION, A vrai dire. Une conversation avec Paul François Paoli, Cerf, Paris, 2021, 218 p.

À vrai dire. Une conversation avec Paul François Paoli

À vrai dire. Une conversation avec Paul François Paoli Ces entretiens avec le philosophe Jean-Luc Marion permettent de rencontrer un personnage dont la pensée rebondit, pour toujours garder de quoi donner un avis éclairé et circonstancié. Par ses propos, Marion se situe par rapport à de nombreux penseurs et il se positionne aussi en s’affirmant catholique. En même temps qu’entrer dans une carrière académique, Marion s’investira dans la revue Communio, sous l’impulsion de Balthasar, revue qui avait pour vocation de susciter un vaste mouvement de réflexion théologique, avec l’intention d’intégrer des jeunes et des laïcs et faire communiquer des groupes de réflexions. L’histoire continue et même s’il est convainquant pour montrer la pertinence d’une pensée chrétienne, Marion doit aussi s’expliquer sur ce que l’Église peut encore dire ou représenter dans les crises qu’elle traverse. Marion est lucide pour mettre en garde contre ce qui ferait perdre son âme à l’Église. Alors que la théologie, parce qu’elle vient du Très Haut, peut faire viser très haut.

Eve, La première femme

Cristina SIMONELLI, Eve, La première femme, Une histoire, mille récits, Salvator, traduit de l’italien par Gabriel Raphaël Veyret, Paris, 2022, 179 p.

Eve, La première femme

De qui parle-t-on quand on évoque Eve ? La mère des vivants ? Celle qui n’a pas résisté au tentateur et s’est trouvée, avec Adam, hors du paradis ? Si on relit pour chercher ce que le personnage d’Eve peut encore nous dire, on trouvera qu’elle est un et en même temps mille visages. Elle incarne la possibilité de la différenciation (et par là de la richesse de l’humanité) mais se cache aussi derrière elle une figure féminine primordiale. Les interprétations chrétiennes lui feront ouvrir un sillage où l’on retrouve la Vierge Marie. Les attitudes spirituelles de la figure d’Eve se trouvent sur un large éventail de sens. Ce livre se présente comme un itinéraire à travers des pièces, à travers des salles où l’on pourrait rencontrer ce que l’histoire de l’interprétation des récits des origines a fait d’Eve. Jusqu’à éclairer encore la condition de la femme, les rapports masculin/féminin, la maternité ou alimenter une réflexion sur la transgression. Les sources ne manquent pas pour faire encore parler d’Eve.

La réponse de la foi

Hans URS VON BALTHASAR, La réponse de la foi, Editions Johannes Verlag, Fribourg, Association Saint Jean, Paris, 2022, 235 p.

La réponse de la foi

Théologien réputé difficile, Hans Urs von Balthasar a aussi été aumônier d’étudiants et accompagnateur de jeunes auxquels il donnait les Exercices. Les écrits repris dans ce petit ouvrage leur étaient destinés. Mais on constatera combien ils peuvent rejoindre un public bien plus large. Différents thèmes sont abordés sur la diversité des religions et le rapport entre la foi privée et le caractère public de l’Église, sur la prière, sur l’Eucharistie, sur le don de soi, sur la question que pose la souffrance. Soutenus par une forte vie spirituelle, les propos de Balthasar constituent des réponses qui se veulent simples tout en ne manquant pas de profondeur à des questions existentielles importantes sur la religion : c’est l’homme de foi qu’était Balthasar qu’on découvre à travers les pistes données.

Le Dieu qui ne compte pas. À l’écoute des humiliés et des boiteux.

Etienne GRIEU, Le Dieu qui ne compte pas. À l’écoute des humiliés et des boiteux, Salvator, Paris, 2023, 206 p.

Le Dieu qui ne compte pas. À l’écoute des humiliés et des boiteux.

On a parfois réduit Dieu à un instrument au service des appétits de grandeur. Aux antipodes d’un Dieu qui donnerait la force dans une société du calcul et de la compétition, le Dieu de la Bible s’adresse à la création pour établir avec elle une relation où l’un est appelé par l’autre et peut lui faire réponse de tout son être. L’appel à entrer dans le lien vivifiant de l’alliance est sans mesure, sans calcul et sans autre « pourquoi » que « parce que c’est toi ». Le grand rendez-vous spirituel et religieux de notre temps est avec le Dieu qui ne compte pas. Il n’a pas renoncé pour autant à ne plus être Dieu. Sa puissance continue à donner vie mais autrement. Il est toujours question du salut, par un jeu relationnel qui passe par ceux qui ne comptent pas. C’est bien avec eux que nous sommes sauvés et nous ne le serons pas sans eux. De quoi renouveler le regard sur l’Église. L’annonce de la Bonne Nouvelle aux pauvres et aux humiliés – à ceux qui ne comptent pas – est au cœur de sa mission. Ce parcours fait écouter Dieu, dans sa Parole et en différents témoins, pour s’ouvrir à l’inouï de l’Évangile.

Lumières du Shabbat. Shabbat de lumière

Anne-Catherine AVRIL, Lumières du Shabbat. Shabbat de lumière, Lessius, (L’autre et les autres), Bruxelles, 2023, 181 p.

Lumières du Shabbat. Shabbat de lumière

Anne-Catherine Avril est religieuse de Notre-Dame de Sion et a passé cinquante ans en Israël. Théologienne, son travail de recherche s’est nourri fortement de la manière juive d’étudier et de transmettre. Le shabbat est en même temps une pierre de fondation, une racine pour une manière de vivre, la mémoire d’une alliance où Dieu est fidèle et puis, il tend vers un achèvement, il est indice d’un monde qui vient. Si le shabbat n’est pas assimilable au jour du Seigneur, le dimanche, chercher le sens du shabbat montre là aussi tout un terreau qui nourrit la méditation : on célèbre la résurrection un jour inscrit dans un triduum dont il convient de redire la signification. Une contribution de Didier Luciani montre ainsi les éléments d’identification des traditions qui touchent cette question du Shabbat alors que se présentent pour l’étudier différentes postures comme la rupture, la continuité ou l’accomplissement. Les pages de ce recueil d’essais démontrent l’amour de l’auteure pour les deux religions juive et chrétienne et son désir de montrer leur parenté.

J’ai très tôt été convaincu… Repères d’une théologie existentielle

Gustave MARTELET, J’ai très tôt été convaincu… Repères d’une théologie existentielle, préface de Michel Fédou, textes choisis, ordonnés et introduits par Gérard de Lavernée, Editions Jésuites, Bruxelles, 2023, 333 p.

J’ai très tôt été convaincu… Repères d’une théologie existentielle

On peut évoquer une pensée en racontant qui en était l’auteur, comment des thèmes s’y articulaient. Ici, Gérard de Lavernée, proche du Père Martelet pendant une quarantaine d’années, et qui a souvent contribué à la finalisation de ses ouvrages, donne la Parole à ce théologien qui se voulait témoin du Christ et de son message. Martelet s’est donné pour tâche de scruter les écritures dans le respect de leur littéralité et d’y puiser des réponses spirituelles aux requêtes les plus existentielles de l’homme contemporain. Jésuite, il était proche d’un Teilhard de Chardin, dans une réceptivité totale devant la grandeur de l’homme et la beauté du monde, fort d’un travail intellectuel qui n’émoussait pas sa capacité d’émerveillement. On le connaît aussi pour son travail dans la mouvance de Vatican II, où se montrait toute l’importance qu’il accordait à articuler foi et culture, à penser le monde d’aujourd’hui à la lumière de la foi. Cet ouvrage offre un parcours soigneusement tracé parmi les textes de Martelet. On y rencontre la conviction profonde du Père Martelet : se laisser guider par le Christ, c’est trouver la boussole même pour un monde où pas mal de repères ont été balayés.

Les Exercices ignatiens libèrent-ils du labyrinthe de la postmodernité?

René LAFONTAINE, Les Exercices ignatiens libèrent-ils du labyrinthe de la postmodernité ? Le point de vue de l’accompagnateur spirituel, préface de Christoph Theobald, Editions Jésuites, Lessius, Bruxelles, 2023, 205 p.

Les Exercices ignatiens libèrent-ils du labyrinthe de la postmodernité?

René Lafontaine a été accompagnateur spirituel et on doit à cette expérience de montrer la pertinence de prendre les Exercices spirituels pour critiquer une poussée pour une nouveauté qui ne permet plus de discerner. Ouvrant une critique de la postmodernité, il repère là non seulement les références au passé et à l’histoire, mais l’étiolement de l’avenir dans une attention excessive au présent. Les clés d’une progression, d’un goût du bien vers un vécu du mieux viennent dans les Exercices ignatiens qui attirent l’attention sur l’histoire, par une stratégie qui avait quelque chose de révolutionnaire du temps d’Ignace. Au refus postmoderne de la transcendance répond une confiance dans la fécondité d’une vie chrétienne qui se réfère à l’Esprit Saint. Dans un contexte postmoderne, on ne saurait dire tous les traits salutaires des Exercices spirituels, comme de mesurer une désolation spirituelle dans une moindre relation à Dieu, de laisser la subjectivité s’ouvrir à l’objectivité de la Création, de promouvoir un discernement qui ouvre à une joie spirituelle qui ne peut venir que de Dieu.

Dieux fantasmés, Dieu tout autre.

Jean PIROTTE, Dieux fantasmés, Dieu tout autre. Libres pensées sur les représentations de Dieu, Karthala, Chrétiens en liberté/Questions disputées), Paris, 2023, 413 p.

Dieux fantasmés, Dieu tout autre.

Jean Pirotte nous offre ici un riche parcours sur la question de Dieu hier et aujourd’hui, parler de Dieu au singulier cachant une multitude de facettes bien suggérées quant à ses représentations. L’époque moderne, où la science a notablement modifié le climat de la pensée et le style des réflexions, ne signifie en rien un recul de l’imaginaire. Ce que des figures divines peuvent suggérer d’indicible, d’un sacré pas toujours explicité, trouve ici un examen rigoureux à travers un parcours qui cherche dans l’histoire et dans l’anthropologie à donner sens. Le sujet est vaste et dense pour se lancer dans une « voie purgative » qui cherche à rester « honnête avec Dieu » observant les travers de l’instrumentalisation du religieux. Le regard honnête demande aussi une lecture critique des écrits fondateurs du christianisme sans contrainte dogmatique et sans souci apologétique. Cette quête de balises pour penser Dieu donnera des lumières pour penser l’homme et pour garder dans les récits sur l’humanité un sens de l’infini et une image de Dieu qui ne soit pas trop humaine.

Petit traité de résistance. Récits et stratégies pour transformer le monde

Cyril DION, Petit traité de résistance. Récits et stratégies pour transformer le monde, Actes Sud, Babel, Paris, 2021, 242 p.

Petit traité de résistance. Récits et stratégies pour transformer le monde

On connaît Cyril Dion pour le film Demain et l’importance qu’il donne, dans un monde marqué par la menace de l’effondrement, à raconter ce qui germe çà et là d’actions qui réinventent l’avenir. Dans ce contexte, le discours écologique peut être culpabilisant. Les actions individuelles, dans le sens de la sobriété, paraissent insuffisantes, sauf pour apaiser une conscience enflammée. Dion cherche une dimension structurelle au changement nécessaire que le politique est inefficace à donner. Si les intérêts privés pèsent trop lourd, il y a à miser sur la manière dont les actions individuelles peuvent faire signe pour faire changer les mentalités. Elles sont ainsi le ferment de transformations culturelles plus vastes. Pour viser une coopération entre élus, entrepreneurs et citoyens, pour oser résister et faire barrage à une exploitation insoutenable de la planète, il faut des récits communs, où chacun partagera ce qu’il a à cœur de réformer.

Paul de Tarse

Chantal REYNIER, Paul de Tarse, CERF, (Personnages de la Bible), Paris, 2023, 181 p.

Paul de Tarse

L’aventure dans laquelle fait entrer la Bible est d’abord l’aventure des personnes qui en nourrissent la trame. Paul de Tarse s’y montre riche par une expérience personnelle du Seigneur. Sa conversion est devenue un exemple. Le mot Évangile prend dans sa bouche un dynamisme qui tranche sur ce que les cultures peuvent proposer. Intellectuel, il a fait sauter des verrous ; aventurier, il a ensemencé le monde de la Parole de Dieu et inscrit le christianisme dans l’histoire. L’Église doit à Paul d’être, par lui, sans cesse questionnée dans ses pratiques et d’être toujours appelée à revenir à son fondement : Jésus-Christ crucifié. Les différents champs de recherche qui peuvent se heurter à des aspects contradictoires de la personnalité de Paul demandent que l’on revienne aux textes et qu’on respecte ce que chaque approche apporte en propre. Paul peut faire l’objet de nombreux questionnements. Sa riche personnalité peut ensuite nous inspirer pour bien d’autres débats actuels ou de toujours.

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