Dans la revue diocésaine Communications, l’abbé Bruno Robberechts, doyen de Leuze, propose chaque mois une sélection de quelques livres sortis récemment. Vous trouverez ci-dessous les dernières recensions publiées… Les livres présentés dans cette rubrique sont en vente dans les deux librairies CDD du diocèse à Arlon et à Namur ainsi que sur leur site web.

Emmanuel Mounier. Une pensée combattante pour des temps incertains

Yves Le Gall, (dir.) Emmanuel Mounier. Une pensée combattante pour des temps incertains. Pages choisies, Desclée de Brouwer, 2025,178 p.

Emmanuel Mounier. Une pensée combattante pour des temps incertains

Les grandes institutions qui semblaient encadrer nos sociétés perdent de leur importance. Les hommes, les jeunes en particulier, vivent mal les temps qui sont les nôtres. Mais faut-il pour autant désespérer de l’homme ? L’exigence de cohérence demande de vivre en tension vers quelque chose de plus grand, par le décentrement, par le don. « L’homme est fait pour être dépassé » A ne pas se laisser inspirer, on est asphyxié. Ce recueil reprend 70 courts extraits de Mounier pour retracer sa vie (première partie présentée par Bernard Comte), pour préciser les lignes de force du personnalisme (partie plus philosophique introduite par Maria Villela-Petit) et pour déployer son inspiration en politique (textes présentés par Guy Coq). La pensée combattante de Mounier montre la personne comme une figure d’engagement, de résistance. L’espérance est le meilleur levier pour soutenir l’engagement politique. À ceux qui craignent autant le despotisme de certains que la lâcheté collective qui leur profite, écoutons un incomparable éveilleur de conscience.

Dieu agit. 35 histoires vraies

Etienne GRENET, Dieu agit. 35 histoires vraies, Éditions de l’Emmanuel, Paris, 2025. 213 p.

Dieu agit. 35 histoires vraies

Au cœur de la foi chrétienne, il y a la bonne nouvelle : Jésus est vivant, et par la puissance de l’Esprit-Saint, il continue d’agir dans le monde aujourd’hui. Oui, aujourd’hui. Dire « Dieu agit » fait peut-être penser aux interventions divines les plus importantes comme celles dont la Bible se fait l’écho. Les histoires que nous rapporte l’auteur offrent des signes qui peuvent nous ouvrir à croire. Elles nous proposent de découvrir Dieu à l’œuvre aujourd’hui. L’abbé Etienne Grenet s’est éveillé à l’actualité des charismes pour la vie de l’Église. Il est responsable du pôle Mission du diocèse de Paris. Dans ces histoires, l’attention, par la prière, est aiguillée vers des signes, des synchronicités, le sens parfois étonnant de paroles lors de rencontres improbables. Le sens est à cueillir en faisant de notre vie un dialogue avec Dieu. Pour discerner, pour voir toute chose avec un regard renouvelé jusqu’à répondre de la présence discrète du Seigneur dans un quotidien pas banal du tout.

Hors des récifs. Poèmes vers l’évangile

Jean-Paul LAURENT, Hors des récits. Poèmes vers l’Évangile, illustrations de Thérèse Gabriel, 2025, 85p.

Hors des récifs. Poèmes vers l’évangile

Le récent recueil du père jésuite Jean-Paul Laurent, membre de l'équipe de la chapelle universitaire Notre-Dame de la Paix à Namur rassemble 48 poèmes qui sont autant de chemins vers Dieu. Accompagnés par vingt peintures de Thérèse Gabriel, ces textes parlent tous de la résurrection et évoquent les intempéries de la vie. Les petites pluies comme les grosses averses qui font couler des larmes, qui cravachent le cœur et qui parfois font trembler l'humanité. Les poèmes traversent ces mauvais temps. Ils contrarient les vents mauvais. Pour les quitter et voir venir éclaircies et embellies. Hors des récifs de la mort et dans la lumière de Pâques. Car chaque poème est inspiré par la lecture d'une page d'évangile indiquée au bas de celui-ci pour en dévoiler la Bonne Nouvelle dont le poème est porteur. Chacun peut se laisser interroger, confronter le texte poétique au texte évangélique et relire le poème afin de découvrir de nouvelles significations. Par le jeu des lignes et des couleurs, les tableaux rassemblés viennent amplifier le pouvoir évocateur des textes. (feuille du mois de mai de la paroisse Saint-Jean-Baptiste & Saint-Loup).

Communion, fusion, confusion. Les abus d’adultes dans l’Église et ailleurs

Gaëlle FIASSE, Communion, fusion, confusion. Les abus d’adultes dans l’Église et ailleurs, Mediapaul, Montréal/Paris, 2025, 220 p

Communion, fusion, confusion. Les abus d’adultes dans l’Église et ailleurs

Jour après jour, de nombreux scandales liés à des abus sexuels sont révélés par les médias. Un véritable raz-de-marée emporte dans son sillage de nombreuses idoles. Des figures qui ont pu paraître des modèles de spiritualité sont retirées de leur piédestal. Il faut faire reconnaître des repères dont on a cru pouvoir se passer, renommer correctement des fondamentaux de la relation humaine. Cela concerne bien des milieux. Le focus mis sur l’Église n’empêche pas de voir ce phénomène aussi dans l’enseignement, la culture, le sport. Comment l’accompagnement spirituel peut-il être vicié jusqu’à se montrer profondément corrompu, comment l’exaltation d’une douteuse amitié spirituelle peut-elle se faire domination perverse ? L’auteur a voulu, plus que mener l’enquête, éclairer ce qui conduit à l’emprise sur les adultes. Alors que des milieux, notamment ecclésiaux, sont affectés par des scandales, peut naître une conviction : analyser les cas où il y a dérapage et perversion peut éclairer quand il s’agit de jalonner une relation d’accompagnement qui aidera la personne à être elle-même, à grandir dans une authentique liberté.

La grâce politique du monastère

Timothée de RAUGLAUDRE, La grâce politique du monastère. Une utopie pour notre temps, Seuil, 315 p.

La grâce politique du monastère

Les moines, eux qui ont choisi de se tenir hors du monde, pourraient bien, par leur style d’existence, inspirer un monde qui a le mal de vivre. Sans imposer un modèle, l’auteur nous met en contact avec une source de sagesse et avec un mode alternatif de vie qui pourrait se montrer fécond pour envisager l’avenir. La vie au monastère est une utopie pratiquée et elle est comme une fenêtre sur le Royaume de Dieu. Si on pense aux crises que le monde traverse, ce qu’on aurait cru voué à la contemplation peut se montrer aussi un lieu de résistance où se conjuguent nécessairement paix et justice. Il est inspirant pour un mode militant qui, dans le monde, devient souvent prisonnier d’un esprit activiste, traduisant qu’une rationalité instrumentale s’y est imposée au détriment du soin des personnes. Ce n’est là qu’un enseignement des monastères, mais ce n’est pas le moindre de l’ouvrage de Timothée de Rauglaudre. Les sujets abordés sont primordiaux pour dessiner le monde de demain : les biens mis en commun, participer au pouvoir délibératif, la sobriété écologique ou l’importance du travail quand on peut le penser indépendamment d’un impératif de productivité. L’hospitalité inconditionnelle offerte par les communautés monastiques lance aussi une question à des individus qui n’entendent pas assez une disponibilité à accueillir que la situation géopolitique actuelle pourrait exiger.

Choisir. Deux visions de l’Humanité

Hervé PONSOT, Choisir. Deux visions de l’Humanité, Cerf, Paris, 2025.

Choisir. Deux visions de l’Humanité

On découvre vite en feuilletant cet ouvrage pourquoi le verbe « choisir » en fait le titre. Des thèmes, des questions importantes de la vie font comparer deux visions, deux approches : l’anthropologie chrétienne, d’une part, une anthropologie technocratique, mondaine, d’autre part. Comment les uns et les autres vont-ils alors choisir ? La vision chrétienne s’appuie sur la Bible. L’auteur en montre la pertinence, son importance pour sonder ce qui est vital dans les relations qui nous font exister. Elle permet aussi de résister, de faire la critique des illusions et des lacunes de l’autre vision qui attire par une prétention de liberté, qui ouvre des espoirs par la puissance d’une certaine efficacité. On comprend que des choix construisent la vie. Cela peut se répercuter en allant vers l’individualisme, une civilisation numérique où l’émotion et l’image font disparaître l’importance d’une vérité. L’autre voie conduit vers la communion où la charité est ouverture à l’autre quel qu’il soit. Au moment de choisir, ce livre pourra accompagner celui qui veut sonder ce qu’il désire au plus profond de lui-même et la liberté devant les chemins qu’il s’apprête à emprunter.

Nicée 1700 ans d’histoire

Claire REGGIO, Nicée 1700 ans d’histoire, Cerf, Paris, 2025, 173 p.

Nicée 1700 ans d’histoire

On peut lire l’histoire du Concile dans de nombreux livres qui y furent consacrés. On peut aussi revenir aux documents qui furent rédigés lors de cette assemblée ou juste après. L’auteur replonge dans le projet de résoudre une crise (la crise arienne) et dans l’événement de ce concile pour saisir le rôle clé de Constantin tel que le relate notamment Eusèbe de Césarée dans la vie de Constantin. On constate tout l’engouement que Nicée représenta aux niveaux politique, intellectuel, spirituel et bien sûr ses acquis pour l’Église. On y voit apparaître un souci de l’orthodoxie à une époque où le sens de ce mot inaugure une manière de faire consensus sur ce que signifie être chrétien. C’est la première fois qu’un concile se saisit d’une question de foi pour qu’en résulte un credo, l’expression écrite d’une révélation qui se transmettait alors davantage par l’annonce du kérygme et par la prédication. C’était aussi la traduction d’une expérience de l’union des âmes à l’écoute de l’Esprit.

Aimer comme Dieu aime

Emmanuel TOURPE, Aimer comme Dieu aime, Salvator, (Série « Les vertus »), Paris, 2025, 157 p.

Aimer comme Dieu aime

Les éditions Salvator nous invitent à cheminer parmi les vertus et parmi les dons du Saint-Esprit. Ce ne peut être que bénéfique pour ne pas dire salutaire. Aborder la charité, c’est faire honneur à un essentiel qui semble trop vite bien connu. Ne faudrait-il pas mettre la Trinité au cœur de l’amour pour redire vraiment que Dieu est amour. C’est là comprendre comment la première des vertus théologales fait voir Dieu dans l’amour qui se vit parmi les chrétiens. Cela fait comprendre autrement la communion des saints puisque c’est là l’essence de l’Église, comme le filon du credo trop souvent timidement évoqué par les chrétiens. La place de l’Eucharistie, sacrement évoqué par le mot « communion » s’invite aussi dans cette méditation. Emmanuel Tourpe insiste sur ce qu’il convient de redécouvrir dans le sens profond de l’amour entre chrétiens, à la manière dont Lumen Gentium évoque la vocation profonde de l’Église quand la charité mutuelle et la louange de la très Sainte Trinité nous font communier les uns aux autres, pour ne faire qu’une seule famille dans le Christ.

Alice au pays des idées. Comment vivre ?

Roger POL-DROIT, Alice au pays des Idées. Comment vivre ? Un lumineux roman pour découvrir la philosophie, Albin Michel, Paris, 2025, 448 p.

Alice au pays des idées. Comment vivre ?

À mi-chemin entre Alice au pays des merveilles et Le Monde de Sophie, ce récit nous embarque dans un voyage captivant à travers les époques, de l’Antiquité à nos jours. Guidée par une jeune fille en quête de sens, l’histoire explore le pays des idées, entre crise climatique et questionnements existentiels. Alice est accompagnée de compagnons singuliers : une souris folle et une souris sage, un kangourou érudit et la fée Objection, qui éveille son esprit critique. Elle dialogue avec des figures majeures de la pensée, de Socrate à Confucius, des Hébreux à Rousseau et Voltaire, en passant par Hypatie et Louise Dupin, jusqu’aux courants contemporains. Chaque rencontre éclaire un moment clé de l’histoire des idées. Le dénouement, aussi inattendu que subtil, offre une réponse nuancée à la question : Comment vivre ? Composé de chapitres courts et rythmés, ce livre accessible et stimulant se lit avec plaisir et mérite d’être partagé largement. Véronique Soblet

La vie meilleure

Etienne KERN, La vie meilleure, Gallimard, Paris, 2025, 187 p.

La vie meilleure

Ce n’est pas l’exposé de la méthode Coué, la maîtrise de soi par l’autosuggestion consciente. C’est l’histoire d’une personne, son inventeur, le pharmacien Émile Coué. Dans un roman au style toujours vivant, l’auteur nous rend sympathique celui qui a voulu aider, soigner, guérir. Émile Coué comptait sur le pouvoir de l’imagination. Et sans doute, l’inconscient s’en mêlait. D’autres utilisaient l’hypnose mais sa méthode était plus ordinaire. Si la méthode Coué comme telle n’est pratiquement plus employée, si certaines situations font sourire de l’autosuggestion, il reste à retenir quelque chose d’une attitude qui veut voir le positif et la confiance en la vie. Dans une situation personnelle douloureuse, l’attitude de Coué dans une chapelle fait dire qu’il ne croyait pas aux miracles. Mais à ceux qui imaginent toujours le pire, il donne l’idée d’imaginer le meilleur. Au moins s’y essayer.

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