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Dans la revue diocésaine Communications, l’abbé Bruno Robberechts, doyen de Leuze, propose chaque mois une sélection de quelques livres sortis récemment. Vous trouverez ci-dessous les dernières recensions publiées… Les livres présentés dans cette rubrique sont en vente dans les deux librairies CDD du diocèse à Arlon et à Namur ainsi que sur leur site web.
Le retour du tragique?
Joanna WOWICKI, Chantal DELSOL, Jean-Jacques WUNENBERGER, Le retour du tragique ? Cerf, (Patrimoines), Paris, 2024, 212 p.

Différents auteurs ont rassemblé leurs analyses pour saisir la pertinence de ce thème du tragique mais surtout le déplacement qu’il invite à faire pour ajuster des récits sur ce que traverse l’Occident, notamment avec la possibilité de la guerre que les conflits en Ukraine signifient. Paradoxalement, alors que la maîtrise technique a pu sembler quitter le domaine des seules conditions matérielles pour prétendre toucher aussi l’organisation de la vie et ses options morales et idéologiques, ce qui apparaissait comme un progrès émancipateur laisse place à une déstabilisation. La résonance tragique, qu’on retrouve dès l’antiquité grecque, s’invite à la pensée mais demande des nuances. De quoi dire non pas tant la force du destin mais la liberté confrontée à elle. Le témoignage des penseurs politiques de l’Est ressaisit à cette aune l’expérience des régimes totalitaires. Pour l’Occident, il y a sans doute à rendre compte de l’intranquillité qui est constitutive à l’humain, qui pourrait, plus que les plonger dans l’absurde, les ouvrir à l’espérance.
L’épreuve de Dieu, peut-on encore prouver que Dieu existe?
Emmanuel TOURPE, L’épreuve de Dieu, Peut-on encore prouver que Dieu existe ? Editions Emmanuel, Paris, 2024, 165 p

Cet ouvrage stimulera un parcours devant la question de Dieu en puisant à la clarté que peut apporter des outils philosophiques. Il s’agit d’abord de tirer de différentes figures de l’athéisme des représentations de Dieu auxquelles il vaut mieux ne pas croire. Face à la question du mal, un détour s’impose pour évoquer la manière dont l’homme, fini, limité, participe à l’infini de Dieu. Il convient aussi de laisser résonner dans nos intelligences des expériences de Dieu qu’on ne peut réduire au niveau de la psychologie parce qu’elle relève, comme le témoignage d’Etty Hillesum le dévoile, de la capacité à se mettre à l’écoute du plus intime de soi-même. Sans se leurrer sur une idée de Dieu que nous aurions d’emblée en nous. Rimbaud disait : « moi est un autre », ainsi que dans un dialogue intérieur, la présence intime de Dieu se laisse découvrir dans l’inachèvement de la conscience de soi. La question ne peut trouver une réponse seulement philosophique. La raison peut mettre des mots sur le cheminement mystique qui saisit au plus intime le sens de l’existence, jusqu’à un désir infini qui nous mobilise et nous traverse.
Pourquoi la démocratie a besoin de la religion
Hartmund ROSA, Pourquoi la démocratie a besoin de la religion. À propos d’une relation de résonance singulière, préface de Charles Taylor, texte prononcé à la conférence diocésaine de Würzburg en 2022, La Découverte, Paris, 2024, 80 p

Rosa, sociologue, souligne les difficultés actuelles à établir de véritables relations dans un monde qui s'accélère. Le concept de résonance, qui nécessite attention et disponibilité, devient difficile à atteindre. Le progrès, autrefois moteur, est incertain, et un changement de posture est nécessaire pour envisager un avenir meilleur. Rosa explore comment la religion, en décalage avec la logique de croissance, favorise cette résonance, vécue comme communion. Il montre ainsi que la foi, loin d'être dépassée, peut renouveler la démocratie.
Foi de jeunes
Inès VIGNON et Suzanne NOURRY (coordination), Foi de jeunes, préface de sr Nathalie Becquart, postface de sr Anne-Flore Magnan, Editions Jésuites, Bruxelles, 2024, 105 p

24 jeunes livrent leur témoignage d’une expérience de Dieu chaque fois unique. Cet aspect toujours particulier de la rencontre de Dieu se montre à travers la diversité des images utilisées pour en parler. Ainsi la foi est comparée tantôt à une plante, à une paire de baskets, à une éolienne, à un diapason, … Ce qu’il y a de proprement indicible dans l’expérience de la présence de Dieu, on le rejoint par les images, un peu comme les paraboles de Jésus ; des images diversifiées sont comme autant de chemins spirituels qui peuvent enrichir le lecteur qui n’aurait pu que bien pauvrement se les imaginer. La lecture de ce livre peut se faire comme une conversation dans l’Esprit, une manière de marcher avec ces jeunes pour retracer, avec eux, des esquisses de ce que sera l’Église de demain.
Théologie de l’espérance
Emmanuel DURAND, Théologie de l’espérance, CERF, Paris, 2024, 203 p.

Il semble toujours possible de chercher à rendre compte de l’évolution du monde à travers les circonstances traversées. Quelque chose de l’homme qui résiste dans l’épreuve échappe à ce regard. Le croyant, le regard aiguisé par la charité, peut reconnaître la marque de l’Esprit dans la traversée des difficultés. À une époque de crise, on ne croit plus guère que le progrès puisse faire aller vers un monde meilleur, il est temps de redécouvrir l’espérance, de voir comment elle se vit pour voir s’ouvrir un horizon parce que le Seigneur tient promesse. Cela demande de s’ouvrir à plus que le domaine de ce que l’homme prétendrait entreprendre et maîtriser seul. Quand la tendance est à ne plus voir d’issue, repenser les mystères chrétiens à l’aune de l’espérance dévoile une vigueur ; celle de se tourner résolument vers la possibilité du bien. Ce livre ouvre donc à la richesse de la théologie quand elle dévoile, par l’espérance, ce que la présence de Dieu rend possible.
Libérez l’évangile
Jean ROUET, Libérez l’évangile, préface de Mgr Albert Rouet, Éditions Jésuites, Bruxelles, 2024, 105 p.

L’Évangile est fort d’un dynamisme de libération. S’il faut le libérer, c’est que des décalages se sont installés là où l’Évangile était censé agir. La pratique religieuse moralisatrice n’a pas laissé beaucoup de place à une résonance existentielle et vraiment spirituelle. L’effacement de la dimension chrétienne de la vie publique, et pas mal de remarques sur l’Église et sur le clergé, montrent aussi que l’Évangile est comme étranglé, que la source de l’Évangile n’est pas exploitée. Ces constats mènent à penser une réforme fondamentale. Repartant de la mission confiée à tous, l’auteur, membre de l’Institut du Cœur de Jésus, invite tous les baptisés à vivre leur mission dans le Christ et d’amener au Christ. Le chemin n’est pas facile et il faut saisir qu’on ne peut rêver, qu’il y a une vitalité à restaurer, qu’il faut reconnaître ce qui peut piéger. Le Christ nous libère et le pardon qu’il propose, qui peut être reçu sacramentellement, est un chemin de liberté à redécouvrir.
Paysan de Dieu
Frère François CASSINGENA-TREVEDY, Paysan de Dieu, Albin Michel, Paris, 2024, 235 p

Ces pages nous emmènent sur les plateaux du Cantal pour découvrir la vie d'un moine bénédictin, alliant soin des vaches, prière et célébration divine. Certains y verraient un exil dans un monde archaïque, mais cette simplicité révèle une sagesse profonde, en contraste avec les illusions de la modernité. Son journal, rythmé par l’année liturgique et les saisons, témoigne d’un équilibre entre tâches concrètes et prière. Ce récit est une évasion spirituelle où la beauté d’une vie rude se révèle pleinement en présence du Seigneur.
La vie au miroir de l’année liturgique
La vie au miroir de l’année liturgique, Mame, « Célébrer », 2024, 116 p

Le 10e Cahier « Célébrer » offre une approche mystagogique et existentielle de l’année liturgique, renouvelant ce sujet classique et proposant une initiation aux célébrations annuelles du salut. Parmi les articles, on trouve des titres comme: « Entrer dans l’année liturgique » (B. Maitte), « Le temps de l’Avent » (Ch. Salenson), « Le temps de Dieu, le temps de l’homme » (B. Maitte), et « L’annonce de Pâques » (S. Kerrien). Ces réflexions nourrissent la prière personnelle et l’agir pastoral, servant à la prédication, aux réunions liturgiques, à la catéchèse, et à la préparation des temps forts.
Le christianisme au défi des nouvelles spiritualités
Adrien BOUHOURS, Le christianisme au défi des nouvelles spiritualités, Artège, Paris, 2024, 237 p

Cet essai nous invite à des constats sur notre époque, la place de la religion et une certaine aura des spiritualités. Le moindre attrait des Églises traditionnelles ne signifie pas forcément l'athéisme, pas même sa version pratique qui serait de faire comme si Dieu n'existait pas. Après le théocentrisme médiéval et l'humanisme qui lui a fait ombre, est venu l'individualisme. Le temps est à regarder les attraits que des spiritualités présentent à l'individu. L'histoire permet de préciser aussi la part souvent masquée de l'ésotérisme et Bouhours a bien étudié le sujet. Il y aurait une philosophia perennis, une sagesse primordiale : elle compterait plus que les chemins pour s'y brancher. Il ne manque pas de maîtres offrant en résumé ce qui peut s'offrir quand les voies de la sagesse se rencontrent. Mais on devine le risque de pratiques déconnectées de leur culture originelle pour une attitude syncrétique qui laisse perplexe. Il ne s'agit bien sûr pas de juger des personnes. Mais de mieux découvrir les pièges qui se cachent quand séduit la nouvelle spiritualité. Se laisser éclairer par les richesses vite oubliées du christianisme permet de dissiper les mirages de la religion nouvelle.
100 éclats de lumière. Commentaires de la Règle de Saint Benoît
Dom Nicolas DAYEZ, 100 éclats de lumière. Commentaires de la Règle de Saint Benoît, Editions Saint Léger, 2024, 149 p.

Septième abbé de Maredsous, décédé en 2021, Nicolas Dayez nous parle ici comme à des amis à qui il partage la sagesse d'une règle qu'il a goûtée. Ces méditations seront autant de conseils qui enrichiront la vie bien au-delà des murs des monastères. C'est un trésor qui s'ouvre quand un coeur se découvre sous le regard de Dieu, quand la lecture de l'Ecriture devient comme le miroir où se mire notre relation à Dieu, quand derrière les réactions devant un mot comme obéissance, se profile l'horizon d'une relation plus profonde nourrie d'une écoute humble et priante. Un regard plein de lucidité sur le monde d'aujourd'hui vient souvent teinter les recommandations qui en sont d'autant plus une invitation à la sagesse à laquelle exerce la vie en communauté. S'y déploient alors des vertus monastiques dont un tel commentaire nous invite à accueillir la valeur inspiratrice.